nouvelles ayant concouru à l’Orteil d’Or 2016
Voici les nouvelles et leurs auteToutes les nouvelles du concours 2016 sont consultables en cliquant dans ce lien : https://atelier-piedsnus.fr/textes/concours-de-nouv…-orteil-dor-2016urs, celles et ceux qui ont eu le cran de se risquer au concours 2106 de l’atelier Pieds-nus à côté duquel le Goncourt de la Nouvelle semble une pâlichonne réclame…
L’Orteil d’Or 2016 à été attribuée à la nouvelle « Hub » de Anne Le Goff (atelier « Maison du Vélo ») et le Prix Spécial du Jury a récompensé « El Negro »de Jean Marie Tremblay (atelier Chouchou et les M…)
HUB
La bougie allumée fait danser sa flamme sur les murs de ma chambre, projetant des ombres bienveillantes. Confortablement installé sur le grand matelas qui s’est habitué à n’épouser que mon corps, je tourne les pages une à une. L’histoire est banale mais j’aime la sensation veloutée des pages sous la pulpe de mes doigts, le bruit qu’elles font quand elles se frottent l’une à l’autre. Mes paupières devenues trop lourdes, je souffle la bougie dont la fumée proteste quelques instants et me pelotonne sous la couette. Elle m’enrobe d’un doux parfum de lavande. Me félicitant d’avoir mis des draps propres, je me prends à penser à la peau de Louise.
Je m’imagine guider ma main selon les courbes de son corps, sentant sous mon passage le fin duvet blond se hérisser. J’alterne entre délicats effleurements du bout des doigts et pressions plus profondes. La chair pâle répond à mes caresses avec souplesse et le corps de Louise se tend, s’arque, se cabre. Je la regarde dans les yeux, plongeant dans le bleu-gris de ses pupilles légèrement dilatées. Puis j’enfonce mon visage dans son cou, respire son parfum, effluves de savon à la rose mêlés à l’eau de son corps. J’inspire aussi fort que je peux, m’enivre comme pour garder à tout jamais ce parfum délicieux dans mes narines. J’embrasse la naissance des épaules, la poitrine légère, le nombril chatouilleux, le ventre douillet.
J’en étais à ce moment de ma rêverie lorsque je me suis endormi.
État civil : Hubert Delongle. Hub pour les très intimes, mais moins il y en a, mieux je me porte. Cinquante-sept ans au compteur. Demi-siècle bien tassé, vieillesse encore une vague idée. Petits yeux tout pochés rapprochés, nez en voile par le vent étirée. Front qui accuse le coup, pommettes encore à la recherche d’aventures. Pas franchement l’archétype du vieux beau, mais ma bouche à calembours et mon sourire de série rattrapent l’affaire.
De bonne heure, de bonne humeur : mon credo pour attaquer du bon pied ma journée avec les gamins de mon école. Plus de vingt ans que j’ouvre et ferme les grilles, matin et soir. Je connais chaque craquement du grand portail, chaque gravillon de la petite cour. La chasse d’eau irritable du premier étage n’a plus de secret pour moi ; le robinet qui goutte dans la salle des profs a tout à coup la bouche sèche quand c’est moi qui lui parle ; le tiroir du bureau n’obéit qu’à mes doigts. Malgré ces habitudes je suis toujours heureux quand il faut travailler. Je ne suis pas de ceux qui partent au turbin le cœur aussi lourd que la sacoche. C’est que j’aime mon métier, moi madame ! Selon les époques, j’ai été maître d’école, instituteur puis professeur des écoles ; peu m’importe le titre, tant que je peux faire le job. Trente-deux ans de boutique, et les enfants m’émerveillent toujours autant. Bien sûr depuis quelques années, au moment d’aborder la préhistoire ça n’a pas loupé, toujours un pour me demander : « Mais toi, maître, tu les a connus les dinosaures ? ». Alors en bon diplodocus je me marre, et puis j’essaye de leur donner la notion du temps. J’aime la façon dont les enfants et leurs paroles sont libres, pas endimanchés par les conventions, la gêne, la crainte. Je me dis parfois que le monde serait plus beau si les adultes savaient retrouver cette spontanéité. Alors quand je recroise mes anciens élèves à la boulangerie, je vérifie d’une blague ou deux qu’ils soignent leur cœur d’enfant et que leurs yeux brillent toujours de malice. J’aime voir leur visage qui s’illumine quand ils me voient au loin, j’ai l’impression d’être un joli souvenir. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être un joli souvenir de son vivant !
J’ai de la chance, parce qu’avec ma mine bonhomme et ma voix d’ours brun, on dirait bien que les gens me font tout de suite confiance. Du coup, jamais d’anicroches avec les collègues ou les parents d’élèves. Tout le monde m’aime, je dois bien le reconnaître… C’est sûrement parce que je les aime, moi aussi, c’est ma recette miracle !
L’autre jour entre deux leçons, j’ai demandé aux mômes ce qu’ils voulaient faire quand ils seraient grands. Question qui m’amuse, au fond : je crois que moi, je n’ai pas encore décidé de ce que je ferai quand je serai grand. Matthieu a été le premier à lever la main. Les autres lui ont emboîté le bras, tentant de lever chacun la main plus haut que le voisin. J’ai donc interrogé Matthieu qui m’a répondu : « Moi, quand je serai grand, je serai architecte ! ». « Et pourquoi ça ? » je lui ai demandé. « Parce que comme ça les maîtres, ils ne pourront plus mettre les enfants au coin ! ». Les élèves se sont figés, ils ont regardé Matthieu avec de grands yeux un peu apeurés mais, voyant mon sourire toujours à l’affiche, ils ont éclaté de rire. Matthieu, faut bien l’avouer, c’est un peu mon chouchou. Je ne peux pas le dire aux gosses, parce que c’est le moins sage de tous… Je crois bien que je me reconnais un peu en lui. Toujours à rire de tout, à chercher le bon mot pour amuser la voisine, à trouver des astuces et autres taquineries. Alors c’est sûr, il le connaît le coin au fond à droite ! C’est pas que je tienne à le punir, mais vis-à-vis des autres je suis bien obligé de marquer le coup quand il exagère. Je l’envoie au coin, et j’ai l’impression qu’il s’y plaît bien. On dirait qu’il s’y est fait des amis. Quand je l’observe au fond de la classe, je le vois presque danser, les mains dans le dos, l’imagination déjà à mille lieues d’ici. Alors au bout de quelques minutes, je retourne le chercher. On a notre petit rituel : j’arrive en silence, je fais peser ma main sur son épaule, il plante ses yeux fripons dans les miens. Je cligne ostensiblement des paupières et c’est pour lui le signal qu’il peut revenir s’asseoir.
Ensuite, j’ai interrogé les autres. Amélie veut être dresseuse d’orques, Justin professeur de contrebasse, Caroline prévoit d’être chef, pour ne rien faire et donner des ordres aux autres. Camille envisage d’être boulanger la semaine et jockey le week-end. La plus discrète de tous, une petite blonde aux yeux profonds, m’a répondu de sa voix délicate : « Moi, je voudrais être gentille avec les enfants ». Les autres se sont aussitôt écrié que ce n’est pas un métier, mais je les ai fait taire d’un geste de la main. Je me suis approché d’elle, ai soulevé délicatement sont menton et lui ai seulement dit : « C’est très bien, Louise. »
Cour d’assises, 17h22. L’avocat termine sa plaidoirie. Visages sceptiques des jurés. Regards haineux de l’audience. Le président demande machinalement à l’accusé s’il a quelque chose à ajouter. Hubert se lève dans le box. Mouvement réflexe des deux gardes. « Comment ne pas y penser ? Tout le monde y a pensé au moins une fois… » Rumeur qui s’élève de la salle. Le maillet du juge s’abat trois fois, réclamant le silence. La cour sort pour délibérer. Anne Le Goff juin 2016
Il avait sonné vers 19h. Je ne pensais pas que ça existait toujours, les représentants. De plus celui-ci était vraiment « vintage ». Qui achèterait une machine à écrire, de nos jours ? J’allais le repousser mais il insistait d’une façon si maladroite « Offre d’essai gratuite ! Fonctions automatiques ! » qu’il me faisait un peu pitié. Je lui proposai un café.
– Ainsi, votre machine écrit toute seule ?
– Absolument. Courrier habituel, amoureux, professionnel, nouvelles, romans.
– Il s’agit d’un ordinateur, en fait ?
– Rien à voir, elle n’a pas de puces, elle ! sourit-il. Un cerveau positronique, c’est autre chose ! Essayez, c’est gratuit !
– Même des nouvelles, vraiment ?
– Donnez-lui un sujet , vous verrez.
Je savais que ce que j’allais faire n’était très honnête, mais au fond je ne croyais pas vraiment à son histoire, alors je tapais sur le clavier :
« Comment ne pas y penser ? Tout le monde y a pensé au moins une fois… »
– A présent, pressez les touches « Automatique » et « Nouvelle ». Pressez aussi « Pas à pas » pour afficher les étapes de son raisonnement et prendre des décisions.
« Comment ne pas y penser ? Tout le monde y a pensé au moins une fois… »
73 signes – répétitions : 2
Analyse : La répétition de « y penser » témoigne d’une insistance autour de ce thème, malgré que « y » renvoie à un antécédent non défini. Voir plus bas.
L’énoncé est composé de deux affirmations. La première est une fausse interrogation ou « question rhétorique », la seconde un « argumentum ad populum », autre figure rhétorique signifiant « en raison de la majorité ». Deux marqueurs courants de mauvaise foi.
L’objet de la première n’est pas de demander « comment ne pas y penser », mais de sous entendre qu’il est impossible de ne pas y penser, et donc inutile de chercher un moyen pour cela. C’est ce que vient démontrer la seconde affirmation. Quelque soit l’individu petit i appartenant à « tout le monde », soit à l’ensemble référentiel H des humains, il existe au moins un moment m de la vie de petit i où petit i y a pensé. L’équation « Chercher un individu x dans H tel que x n’ait jamais pensé à « Y » n’a pas de solution, ce qui renvoie à la première affirmation. CQFD.
Conclusion : L’ensemble de définition de ce sujet est l’ensemble de tous les « y » pour les quels la double affirmation de l’énoncé est vraie, Pour le traiter, nous vous proposons de commencer par rechercher des antécédents valides de « y ». Rechercher ?
Incroyable ! Je n’avais pas suivi tout le raisonnement mathématique. Mais j’étais curieux de voir la suite. Trouver « y » était bien mon problème depuis un mois.
> Recherche…
Par tâtonnement, on peut voir que par exemple y = « Marcher dans les chamallows en tutu vert » ne convient pas. Il existe de nombreux petits i qui n’ont jamais eue cette idée.
> Recherche…
L’ensemble de définition « Tout le monde » exclut également une référence de type extraterrestre. « Prendre un bain de soufre sous les 2 lunes » pourrait vérifier les 2 affirmations pour tous les habitants d’une certaine autre planète ; mais pas pour « Tout le monde » Rejeter ?
– Oui
> Recherche…
« Au moins une fois » laisse à penser qu’il ne s’agit pas d’une chose très banale, ou vitale. Par exemple « manger ». Énoncer que chacun a au moins une fois pensé à manger serait une évidence. Cependant un ou plusieurs compléments à « manger » pourraient convenir. Par exemple « manger / des fraises / en hiver ». Une double occurrence avec le sujet serait possible avec « attendre un enfant » Pitch ? Rejeter ?
– Rejeter.
> Recherche…
Proposition 1205 : y = « gagner au loto ». Réserve :La donnée « tout le monde » n’est pas totalement respectée. Tout le monde ne joue pas au loto… Pitch ? Rejeter ?
Proposition acceptée.
Pitch : Un modeste employé de bureau joue chaque semaine au loto. Lorsqu’un jour il gagne, l’enfer commence pour lui. Amis intéressés, quémandeurs en tout genre, crainte d’une agression, labyrinthe des placements financiers… Lors d’un voyage à Tahiti avec sa maîtresse, désespéré, il se suicide.
Remarque : quadruple occurrence trouvée avec le sujet : « gagner au loto », « avoir une jeune maîtresse », « passer l’hiver à Tahiti » et « le suicide ». Développer ? / Extrait ?
Extrait : « Sa boîte débordait de lettres plus déchirantes les unes que les autres, autant de situations terribles que quelques centaines d’euros pourraient résoudre. Que de misère, et il ne pouvait pas les satisfaire tous. Samantha semblait rétive à le conseiller et préférait courir les boutiques. L’aimait-elle vraiment ? Son oncle était-il vraiment son oncle ? Ce projet de voyage à Tahiti le délivrerait-il de ses obsessions ? »
Développer ? Abandonner ?
Proposition abandonnée.
Avertissement concernant les résultats suivants :
L’articulation de la fausse question et de l’argument « ad populum » pourrait dénoter une volonté d’excuser des pensées ou des actes que la morale ou la société réprouve. Pour accéder à cette possibilité, veuillez entrer votre numéro de compte.
– Ah, votre sujet est particulier. Je vais vous attribuer un compte. C’est totalement gratuit. Signez ici.
> Recherche…
Proposition 35 022 : y = « tuer le chien ». Pich ?
Pitch : Un homme excédé par les aboiements du chien de son voisin décide de le supprimer. Malheureusement, l’appât empoisonné qu’il a disséminé à travers sa grille est pris pour des bonbons par des enfants. Rongé par la culpabilité, il se suicide.
Remarque : quadruple occurrence trouvée avec le sujet : « tuer le chien », « les cloches volent-elles » « Dieu existe-t il » et « le suicide ». Développer ? / Extrait ?
Extrait : « – Moi, je dis que les cloches de Pâques qui déposent des œufs, c’est pour de la fausse ! affirmait Grégoire, toujours prêt à montrer qu’il était plus grand que les autres.
– Eh ben moi je dis que je les vues ce matin, et même entendues, aussi, même ! rétorqua Benoît de sa petite voix aiguë.
En effet, lorsqu’il avait jeté les boules d’appât, Pascal avait légèrement fait tinter la clochette de la grille. Le dos de ses mains gantées de rose Mapa traversant les thuyas pouvait paraître bien surnaturel à une imagination comme celle de Benoît. » Développer ? / Abandonner ?
> Proposition abandonnée.
> Recherche…
Proposition 13 362 : y = « désirs pédophiles ». Pitch ?
Pitch : Le soir de la Saint-Sylvestre, un inspecteur interroge au commissariat un notaire qu’il soupçonne du viol de plusieurs fillettes. « Tout le monde y a déjà pensé au moins une fois » consent à reconnaître le suspect. A la fin, il est innocenté et sa femme se suicide. Référence déjà trouvée. Titre : « Garde à vue ». Proposition annulée.
> Recherche…
Pitch : Sous le secret de la confession, un homme avoue à un prêtre son attirance pour les enfants. Il est sur le point d’être dénoncé. Le prêtre craint qu’un scandale éclate et fasse ressurgir des témoignages le concernant. Il demande conseil à son évêque qui craint lui-même que cette affaire n’en dévoile d’autres. Ensemble ils décident de pousser l’homme au suicide.
Remarque : septuple occurrence avec le sujet : « violer la gamine » « violer un secret » « être l’objet d’un scandale», « avoir son nom dans les journaux », « se débarrasser de la cause d’un problème » « Dieu existe t-il » et « le suicide ». Développer ? / Extrait ?/ Annuler ?
Proposition annulée.
– Ce serait possible que toutes les histoires ne finissent pas par un suicide ?
– Oui, bien sûr. Tapez votre numéro de compte, puis « suicide – non »
> Recherche…
Proposition 58 207 : y = « remporter un prix prestigieux ». Pitch ?
Pitch : Un auteur de nouvelles non publiées se résout à participer pour la troisième fois au concours de l’Orteil d’or. Un soir, alors qu’il se morfond devant une page blanche, il reçoit la visite d’un étrange représentant. Celui-ci lui présente une machine à traitement de texte « EL NEGRO » capable de réaliser son rêve. L’auteur très attitré accepte de signer un contrat d’essai gratuit. Il ne remarque pas une clause en petits caractères concernant les droits d’auteur, ni qu’une goutte de son sang est tombée sur le contrat. Le représentant disparaît.
Développer ?/ Extrait ?/ Abandonner ?
– Développer.
Jean Marie Tremblay juin 2016
ici : discours de remerciements de Jean-Marie à la réception de son prix
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