Fragments
Extrait, morceau choisi : on attend parfois du fragment le rôle d’une citation, d’un incipit, ou d’ une épitaphe…
Et pourtant, elle tourne !
La période des vacances nous donne encore des occasions d’évoquer et de revivre nos souvenirs d’enfance et d’adolescence. Avec mes frères, nous rions encore, malgré notre grand âge et nos fatigues, de nos aventures, nos jeux, nos distractions au temps de l’occupation en particulier. La plume de jean nous a ramenés à l’époque où l’on se distrayait à peu de frais ! Voici un titre évocateur : « Et pourtant, elle tourne ! » … (Galilée) Que faisait-on les dimanches d’occupation...
Lire plusL’Eldorado
1944, j’avais 7 ans, à Auxerre on manquait de tout… Combien de fois ais-je entendu parler, avec une cruelle nostalgie, « des produits d’avant-guerre » ? Mon papa était rentré d’Allemagne riche d ‘ « enige deutsch woerter » ( un certain dictionnaire allemand) et d’une ignoble musette qu’il ne quittait guère. Ayant repris son travail chez Soisson pour un salaire de misère, il avait mis la main, dans une mansarde perdue, oubliée, sur tout un lot de vieilles gamelles et de casseroles en...
Lire plusL’occupation de mon village (3)
L’occupation de mon village (3) Pendant l’occupation, le ravitaillement n’est pas facile ; les produits alimentaires, les tissus, les chaussures, le savon…sont contingentés et chaque mois, nous avons la distribution des tickets d’alimentation ; souvent les tickets disparaissent avant ou pendant la distribution (avec, en général, l’accord tacite des responsables). Le Président de la Délégation spéciale reçoit le 29 décembre 1943 deux visiteurs, rendez-vous très confidentiel à la mairie, à la...
Lire plus1939 : le sort des fusils de chasse
Entre les deux guerres, dans les campagnes, pas de télévision, pas de cinéma . La grande distraction alors, pour les hommes, c’est la chasse; la chasse communale ou privée mais payante. Tous ces chasseurs avaient la connaissance des BEAUX fusils. Le fusil « IDÉAL » de chez Manufrance, le plus beau du monde. Ceux des petits artisans de Saint – Etienne :les DARNE, les VERNEY CARON; les anglais réputés :JAMES PURDEY, WINCHESTER; les italiens BUENELLI et ZOLI; les STEYR MANNLICHER autrichiens; Le MAUSER allemand; les...
Lire plusCruelles gruelles
Les bombardements d’Auxerre m’avaient secoué le corps et l’esprit. Mes parents décidèrent de m’envoyer quelques temps à Courson les carrières où nous avions une petite maison, domaine de ma tante Claire (la Terrible). Pas de moyens de transports. À huit ans j’étais incapable de faire 24 kilomètres à vélo. Mon père m’y traîna avec une petite remorque hâlée par son propre vélo. Tu vas visiter Courson » me dit-il. (Oh, pas les carrières car nous n’avions pas de lampe.) Je vais te...
Lire plusL’occupation de mon village (2)
L’occupation de mon village (2) Eté 1940, instructions « impératives » de la kommandantur : « Chaque habitant est tenu d’entretenir périodiquement les trottoirs (ou absence de trottoir) devant sa propriété : ôter l’herbe, balayer, etc... » Bien sûr, les villages allemands – et d’autres – sont ainsi tenus par goût et discipline ; mais chez nous, le seul fait d’en recevoir l’ordre suffit à nous dégoûter d’avance ! La population réticente a donc répondu par la force...
Lire plusL’occupation de mon village (1)
L’occupation de mon village Je dédie ce travail de mémoire consacré à l’occupation de mon village, Fleury la Vallée, à Mr Lottier, son instituteur et à sa fille Madeleine, aujourd’hui décédés et qui m’en firent la relation, quand je n’étais encore qu’une jeune femme. Marité Gelain. Le 15 juin ranime toujours des souvenirs gravés dans nos mémoires ; c’était au temps de notre grande enfance et notre adolescence : 15 juin 1940, l’exode, la conquête allemande, l’occupation. ...
Lire plusL’Or de la vieille
L’Or de la vieille J’étais responsable de la Bourse (celle de Paris, surtout, mais parfois d’autres pays. Je passais mon dimanche à rédiger un petit journal condensant les indications des principaux journaux financiers. J’eus le bonheur et surtout la chance de rédiger quelques bonnes choses, et je me fis des amis au point de recevoir des offres de ce que l’on nomme maintenant « des chasseurs de tête ». Quelques offres de salaire intéressantes ne me séduisirent pas. Je tenais à mon petit coin, à mes...
Lire plusLa descente de Bodu
Il y a bien longtemps, ma tante chantait à la messe et y jouait de l’harmonium. Elle fut dépossédée de cette situation prestigieuse par les dames Chalumeau, et pendant des années couva avec force et douceur une haine des bigotes dont je raconterai les heurts et les flambées. Ma tante, « la Féroce » avait gagné à cette passionnante besogne de multiples rhumatismes, mais aussi de fines oreilles et une voix de sorcière soumise aux pires tourments. Dès 6h, on l’entendait vociférer : « ça y est, IL descend, IL...
Lire plusL’Homme à la moto
En ce temps-là,en 1943/1944, rue Basse Perrière, nous avions pour voisin Gaston. Il nous semblait vieux. En fait, il ne l’était pas : C’était nous qui à sept et huit ans étions très jeunes. Gaston, certes avait une femme, mais surtout une idole, une déesse qu’il tenait cachée dans un vaste et sombre garage qui ne s’ouvrait que sur une cour intérieure, théâtre habituel de nos jeux et de nos exploits. Chaque dimanche matin, Gaston ouvrait en grand les portes de son garage, et l’idole apparaissait,...
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