Jean Marie Tremblay
L’homme qui croyait avoir tué Athanase Delvivo
L’homme qui croyait avoir tué Athanase Delvivo « L’éternité, c’est long, surtout vers la fin » – Woody Allen Athanase Delvivo était mon seul compagnon. Depuis sa disparition, je continue de lui parler, j’imagine sa vie poursuivie. Je n’ai pas résilié son abonnement au quotidien local. Comme sa boîte aux lettres ne ferme pas bien, je peux lire le journal comme quand il me le prêtait. Aujourd’hui son horoscope dit « La journée qui vous attend est belle et agréable. » Oui, aujourd’hui, Athanase Delvivo est mort...
Lire plusUn tableau changeant
Un tableau changeant La salle des ventes était à son comble. Des connaisseurs fortunés mais aussi des curieux, attirés par la réputation du fameux lot 912, dont le mystère s’était épaissi avec le cadre vide à la place de la photographie de rigueur dans le catalogue. Il fallut cependant patienter de longs moments, le temps que les statuettes chinoises, camées impériaux, bergères Louis XV et autres masques africains garantis ethniques trouvent preneur. On peut soupçonner que certains impatients enchérirent sur des objets...
Lire plusLes Cloches
Ce matin-là, la vallée retentit de sonorité de cloches. À la volée, puis lentement comme un glas. Il y en avait plusieurs, au moins deux, peut-être trois. Ce qui étonnait c’est que jamais il n’y avait eu de cloches dans notre vallée, ni même d’église. Le père Félicien fut le premier à venir sur la place et à tendre l’oreille pour chercher d’où venait ce son. Il fut rejoint par Honorine tenant son dernier dans ses bras, et suivie par les cinq autres. Bientôt, il y eut foule. Non que la place fut un...
Lire plusQui s’y remue s’y perd !
Qui s’y remue s’y perd Logorallye : (mots imposés au fil de l’écriture ) bloqué, convoquer, déesse, marteau, vacances, s’accrocher, Eugénie, clinique. Qui s’y remue s’y perd ! Tout est là : il convient de s’y tenir immobile, car qui s’y remue s’y perd. Le mieux est de s’y étendre, les bras écartés, en attendant les secours. S’ils n’arrivent pas ? Eh bien, il n’y a plus qu’à rester bloqué ainsi, en répétant sans relâche « Qui s’y remue...
Lire plusL’oiseau m’a appelé, je suis venu. (çonneries)
L’oiseau m’a appelé, je suis venu. (Çonneries…) L’oiseau m’a appelé, je suis venu. Depuis que j’ai mis ce pépiement comme sonnerie, quand c’est elle qui m’appelle, j’obéis à l’oiseau. J’ai bien fait. Imaginons que j’aie choisi une sonnette comme celle qu’on utilisait dans les maisons bourgeoises, pour appeler les domestiques ! Ding ! J’arrive Madame ! Madame désire ? Là, je peux toujours me raconter que c’est l’appel de la forêt,...
Lire plusJetez
Anaphores Jetez Jetez l’ancre, jetez les amarres, jetez les voiles Jetez tout par-dessus bord Jetez vos sorts, jetez vos ports Jetez les dés, jetez les clés Tout doit disparaître, jetez le bateau. Jetez le haut et le bas Jetez l’argent par les fenêtres et jetez les fenêtres Jetez le do et le la, le sol et le fa Jetez la mesure Tout doit disparaître. Jetez l’opéra. Jetez l’intérieur à l’extérieur et l’extérieur ailleurs. Jetez-vous corps et âmes Tout doit disparaître. 1er octobre 2019 –...
Lire plusLa lettre inviolée
La lettre inviolée En rangeant les affaires personnelles d’un proche qui vient de mourir, vous découvrez, rangée à part d’autres courriers, une enveloppe libellée à son adresse et qui n’a jamais été ouverte. Rédigez ce courrier. Lucien, Je ne parviens plus à me parler, il faut bien que je m’écrive. Mais je n’ai pas envie de commencer un journal intime, un discours en pointillés où tu remettras toujours une couche sur la mienne. Je préfère que tu reçoives une lettre de toi, à laquelle tu ne pourras...
Lire plusPortrait d’un vieux fou
Portrait d’un vieux fou Mots imposés : luette / abricot / sentinelle / paillasson / cornecul / macaroni / prétendant / valise / misère / chicot. Je sortis du musée avec le portrait de ce vieux fou gravé à l’intérieur de mon front. Son cri dont la profondeur laissait voir la luette, comme placée en sentinelle devant un gouffre obscur, entouré de chicots de misère. Ses joues de paillasson, couverte de barbe courte, rousse, et drue. Un abricot sec à la place des yeux et une valise au-dessous, symbolisant leur fatigue....
Lire plusCure thermale
Cure thermale C’est trop chaud. Je leur ai dit, à l’encadrement, il ont ricané. Au départ, je ne voulais pas y aller, je n’aime pas l’eau chaude, ni ceux qui l’ont inventée. Je ne sais pas comment je me retrouve là. Il a dû y avoir une erreur dans un formulaire. Et puis c’est long… une éternité que je mijote parmi les bulles. D’un autre côté, ça donne le temps de réfléchir, genre « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? ». Qu’est-ce que j’ai fait, et...
Lire plusPorter le chagrin des départs
Porter le chagrin des départs (logo-rallye) PORTER LES CHAGRINS DES DÉPARTS C’était le titre du poème qui défilait sur le panneau d’affichage de la gare de Lyon. Fruit de la participation d’auteurs anonymes à un concours de la SNCF. REGRETTER À JAMAIS LES RETARDS En même temps, ça pouvait avoir un aspect comique, avec les annonces des trains reportés. Seulement, cela prenait une autre dimension, car elle venait de partir à jamais pour la Creuse, dans un train à l’heure. Et il pensait à tous ces retards qui...
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