Jean Jacques L.
L’Eldorado
1944, j’avais 7 ans, à Auxerre on manquait de tout… Combien de fois ais-je entendu parler, avec une cruelle nostalgie, « des produits d’avant-guerre » ? Mon papa était rentré d’Allemagne riche d ‘ « enige deutsch woerter » ( un certain dictionnaire allemand) et d’une ignoble musette qu’il ne quittait guère. Ayant repris son travail chez Soisson pour un salaire de misère, il avait mis la main, dans une mansarde perdue, oubliée, sur tout un lot de vieilles gamelles et de casseroles en...
Lire plusCruelles gruelles
Les bombardements d’Auxerre m’avaient secoué le corps et l’esprit. Mes parents décidèrent de m’envoyer quelques temps à Courson les carrières où nous avions une petite maison, domaine de ma tante Claire (la Terrible). Pas de moyens de transports. À huit ans j’étais incapable de faire 24 kilomètres à vélo. Mon père m’y traîna avec une petite remorque hâlée par son propre vélo. Tu vas visiter Courson » me dit-il. (Oh, pas les carrières car nous n’avions pas de lampe.) Je vais te...
Lire plusL’Or de la vieille
L’Or de la vieille J’étais responsable de la Bourse (celle de Paris, surtout, mais parfois d’autres pays. Je passais mon dimanche à rédiger un petit journal condensant les indications des principaux journaux financiers. J’eus le bonheur et surtout la chance de rédiger quelques bonnes choses, et je me fis des amis au point de recevoir des offres de ce que l’on nomme maintenant « des chasseurs de tête ». Quelques offres de salaire intéressantes ne me séduisirent pas. Je tenais à mon petit coin, à mes...
Lire plusLa descente de Bodu
Il y a bien longtemps, ma tante chantait à la messe et y jouait de l’harmonium. Elle fut dépossédée de cette situation prestigieuse par les dames Chalumeau, et pendant des années couva avec force et douceur une haine des bigotes dont je raconterai les heurts et les flambées. Ma tante, « la Féroce » avait gagné à cette passionnante besogne de multiples rhumatismes, mais aussi de fines oreilles et une voix de sorcière soumise aux pires tourments. Dès 6h, on l’entendait vociférer : « ça y est, IL descend, IL...
Lire plusL’Homme à la moto
En ce temps-là,en 1943/1944, rue Basse Perrière, nous avions pour voisin Gaston. Il nous semblait vieux. En fait, il ne l’était pas : C’était nous qui à sept et huit ans étions très jeunes. Gaston, certes avait une femme, mais surtout une idole, une déesse qu’il tenait cachée dans un vaste et sombre garage qui ne s’ouvrait que sur une cour intérieure, théâtre habituel de nos jeux et de nos exploits. Chaque dimanche matin, Gaston ouvrait en grand les portes de son garage, et l’idole apparaissait,...
Lire plusLe Trou de la place St Mamert
Il n’avait pas eu l’audace, la hardiesse de s’ouvrir en plein jour et de livrer sa honte à la bienfaisante lumière du Soleil. C’est de nuit que s’était offerte sa ténébreuse noirceur… La place St Mamert descend assez rudement de l’extrémité de la rue Basse Perrière à la rue Marcelin Berthelot. Elle est bordée par l’ancien Crédit Agricole où j’ai travaillé bien des années et par des propriétés privées. C’est de ce côté-là que le trou s’était offert à...
Lire plusLa mort de Claude Gendron
La mort de Claude Gendron les grottes de Saint Moré se composent d’une douzaine de cavités ouvertes vers la lumière et la chaleur, comme l’ont montré les travaux de l’abbé Parat, puis les nôtres dans les années 60. Elles ont toutes été hantées par l’homme de la préhistoire, traces et outils y abondent. Trois grottes basses s’y ouvrent, à peu près au niveau de la Cure. La M.P., (du nom de ses inventeurs Meraville et Pichard), la grotte des Pêcheurs, découverte en 1965 après un long travail de...
Lire plusLa Mardelle
La Mardelle se trouve en forêt d’Hervaux, près de Joux la ville. Le mot « mardelle »est un terme local. Le nom véritable est « doline », un mot qui vient du « Karst », région rocheuse de Yougoslavie, riche en rivières souterraines, en pertes et en résurgences, où le grand Martel, père de la spéléologie, a forgé presque tous les termes qui y sont liés. En général, les dolines, entonnoirs plus ou moins vastes, suivent le cours des rivières souterraines et font preuve des efforts de ces dernières pour...
Lire plusLes fées des Gondards
Courson est entouré de Collines assez élevées qui le plongent dans une sorte de cuvette. La colline du Suchois est surplombée d’une grosse ferme éponyme où nous aimions aller. Les gens qui habitaient là étaient gentils et généreux. Mon père les connaissait et il n’était pas rare qu’il en descende avec des œufs, parfois un lapin. En ces temps de disette c’était la fête et ma mère n’avait pas son pareil pour confectionner un savoureux civet. Du haut du Suchois on voyait Vézelay et très...
Lire plusAu bon vieux temps des pompes à merde
J’avais 6 ou 7 ans, et bien entendu j’allais au catéchisme à St Eusèbe. (la seule bonne église aux dires de maman, tout comme le cimetière Dunand était le seul convenable) J’étais appliqué et sérieux, mon jeune cerveau enregistrait et comprenait les splendeurs du catholicisme. Pourtant une phrase m’intriguait, d’autant plus qu’il fallait y revenir souvent. « Je renonce à Satan, à ses œuvres et à ses pompes !» C’est le mot pompe qui me troublait. Je connaissais la pompe à...
Lire plus