Laure Timon
La cérémonie
La cérémonie Il y avait qui ? Moi, Martin, la fille et un autre. L’autre, je ne l’avais jamais vu. Il semblait mal à l’aise dans un costume trop grand, se dandinant d’un pied sur l’autre. Il ne resterait pas longtemps. Mais Martin ! Quand je le vis, je ressentis une furieuse envie de rebrousser chemin. Impossible, bien sûr, je ne pouvais pas faire cela à Loris. Je m’avançai donc à contre cœur. Bien sûr, il était là, j’aurais dû le savoir. En fait, je le savais. Le contraire aurait été surprenant. Il avait...
Lire plus(Prix spécial du Jury Orteil d’Or 2018) Un dimanche de mai
Un dimanche de mai (Prix spécial du Jury Orteil d’Or 2018) Il n’avait pas l’habitude de se trouver si tôt dans les rues d’Auxerre. Il détestait les aurores. Quand le réveil sonnait, il avait souvent la nausée. Ouvrir les yeux était une punition, se lever un supplice. Un de ses plus grand plaisir était, le week-end, d’entendre sonner le réveil, de l’éteindre et de se rendormir après avoir mis la main sur sa fesse. Ce dimanche-là, pourtant, il avait su en ouvrant les yeux dans le noir qu’il ne pourrait plus les...
Lire plusle Tire-bouchon
Le tire-bouchon La journée avait été rude. Son supérieur, un petit con d’à peine trente piges tout juste sorti de Sciences Po l’avait reçu pour son entretien d’évaluation annuel. Il en avait profité pour lui faire comprendre l’improductivité de ses méthodes de travail. Il ne comprenait pas l’intérêt pour l’entreprise de perdre son temps à écouter les acheteurs. Il y avait les listes des produits à acheter, cela suffisait. Il avait pris l’exemple de sa dernière cliente : Une petite vieille qui partageait son F2...
Lire plusTop Cheffe
Orteil d’Or 2017 : Top Cheffe Je regarde trop la télévision. Je le sais, mais c’est plus fort que moi. Ça m’occupe. Elle était allumée ce matin là. J’étais en train de nettoyer mes vitres quand j’ai entendu Sophie Marceau. J’aime bien Sophie Marceau. On est nées le même jour à deux ans d’intervalle. Je me la suis toujours imaginée un peu comme une sœur. En mieux…en beaucoup mieux mais une sœur quand même. Un gars à peine propre lui posait des questions sur sa vie privée et elle, elle ne répondait pas...
Lire plusJe ne supporte pas les cerises.
Consigne : Nouaison Je ne supporte pas les cerises. Mes parents avaient pour seul bien, pour seul fierté un verger de cerisiers. Tous les mois de juin, depuis l’année de mes dix ans, j’avais été obligé de me lever à l’aube et de me coucher au crépuscule pour cueillir leurs fruits maudits. Trois cagettes avant l’école, trois cagettes après, sinon pas de souper. Tous les ans, au moment de la nouaison, mes parents se lamentaient : « Les fleurs sont gelées, malades, pourries. On n’aura pas de cerises cette année. » Tous...
Lire plusle diabolique détail
C’était mon amie, ma seule amie. J’avais été une enfant solitaire, une collégienne mise à l’écart, trop intello puis une étudiante studieuse. Je ne sortais pas dans les soirées, je ne m’attardais pas dans les cafés enfumés. Ma bourse suffisait tout juste à payer mes tickets de RU, mon loyer et un aller-retour par mois pour la maison de mes parents. Je passais le plus clair de mon temps à la bibliothèque. Là j’entendais les bavardages futiles des autres. Je les enviais parfois tout en essayant de les...
Lire plusCauchemar
J’ai toujours eu un sommeil de plomb. En randonnée, je me souviens m’être endormie sur le sol nu d’un garage, la tête sur une gourde, bercée par une chasse d’eau automatique. A six heures tout le monde était debout, l’humeur dans les chaussettes, les cernes sous les yeux. Moi j’étais bien, si mes camarades ne m’avaient pas secouée pour se précipiter vers un café serré, je n’aurais pas bougé avant dix ou onze heures. Pourtant, depuis quelques temps, je me réveille en sueur au milieu de la nuit. Ensuite, impossible...
Lire plusLe magnifique
Le magnifique C’était un morne jeudi matin. Les élèves se réveillaient doucement dans la grisaille d’une journée d’automne où à neuf heures je n’aurais pas pu jurer que le soleil aller finir par se lever. J’avais moi-même du mal à émerger d’une torpeur cotonneuse. J’étais en train de me demander si, au lieu de lutter contre la léthargie ambiante, il ne valait mieux pas s’y abandonner totalement en lançant un film. J’avais sous le coude « L’organisation du marché de l’énergie dans l’espace européen »....
Lire plusCauchemar.
J’ai toujours eu un sommeil de plomb. En randonnée, je me souviens m’être endormie sur le sol nu d’un garage, la tête sur une gourde, bercée par une chasse d’eau automatique. A six heures tout le monde était debout, l’humeur dans les chaussettes, les cernes sous les yeux. Moi j’étais bien, si mes camarades ne m’avaient pas secouée pour se précipiter vers un café serré, je n’aurais pas bougé avant dix ou onze heures. Pourtant, depuis quelques temps, je me réveille en sueur au milieu de la nuit. Ensuite, impossible...
Lire plusCastration
Dialogue : la castration des chats. À leur rendez-vous mensuel, Léonie manque de s’effondrer en sanglot en se précipitant vers ses deux meilleures amies. Mes chéries, mes chéries, c’est horrible ! Mon chat, mon gentil matou, ma petite boule de poils adorée… Marie-thé, la plus âgée prend les choses en mains. Elle s’approche de Léonie, et lui dit doucement. Calme-toi, reprends tes esprits et explique-nous ce qui se passe sans pleurer. Vous vous souvenez de mon petit chaton angora, je l’ai adopté il y a dix...
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