Castration

post details top
11 / 12 / 2014
post details top

Dialogue : la castration des chats.

À leur rendez-vous mensuel, Léonie manque de s’effondrer en sanglot en se précipitant vers ses deux meilleures amies.

  • Mes chéries, mes chéries, c’est horrible ! Mon chat, mon gentil matou, ma petite boule de poils adorée…

Marie-thé, la plus âgée prend les choses en mains. Elle s’approche de Léonie, et lui dit doucement.

  • Calme-toi, reprends tes esprits et explique-nous ce qui se passe sans pleurer.

  • Vous vous souvenez de mon petit chaton angora, je l’ai adopté il y a dix semaines environ. Marie-Thé, tu es venue le voir à la maison, c’était un amour, n’est-ce pas ?

Marie-Thé, acquiesce.

  • Oui, c’est vrai, il était adorable. Il s’était blotti sur mes genoux en ronronnant avant de s’endormir. J’ai eu du mal à me lever pour parti, c’était trop chou. Mais quoi, qu’est-ce qui t’arrive avec…comment tu l’as appelé déjà ton chat Léonie ?

Léonie lève la tête et répond en reniflant :

  • Je l’ai appelé Gaby pour Gabriel, le nom d’un ange.

Marie-Thé lève les yeux au ciel :

  • Bon alors, qu’est ce qui lui arrive à cette bête, elle s’est fait écraser ?

  • Non, c’est pire, il…il a changé. Avant, il s’amusait à mordiller mes lacets, sautait de droite à gauche à la poursuite d’un papillon qu’il ratait toujours. J’adorais le regarder quand il s’imaginait pouvoir attraper un rayon de lumière.

Léonie se tait, la bouche de nouveau crispée, les larmes au bord des yeux. Ses deux amies approchent leurs têtes en murmurant de concert :

  • Et ?

  • Depuis une semaine, il vient déposer sur le pas de ma porte une quantité astronomique de cadavres sanguinolents : des oiseaux principalement mais aussi des musaraignes et ce matin, j’ai failli en me levant marcher sur un écureuil encore chaud. On me l’a changé, c’est devenu un monstre, une horreur, une erreur de la nature.

Marie-Thé se met à sourire soulagée.

  • Ah ce n’est que ça, ce n’est pas bien grave, il y a une solution simple.

    Léonie la regarde l’air plein d’espoir.

  • Dis-moi quoi, vite.

  • Il devient agressif, c’est normal, il grandit, ce sont ses hormones. Les mâles sont comme ça, il faut qu’ils se bagarrent, qu’ils chassent.

Léonie soupire bruyamment. Marie-Thé reprend.

  • La solution c’est de le castrer : plus d’hormones, plus de chasse. Il va grossir un peu, peut-être mais tu vas vite retrouver un matou doux comme un agneau. Si tu veux je te fais ça. Tu lui écrases deux ou trois lexomils dans sa pâté, une fois endormi, tu me le tiens et avec deux briques, en cinq minutes le problème est réglé.

Léonie retrouve un petit sourire mais elle s’inquiète tout de même :

  • Ça ne va pas lui faire mal ?

Marie-Thé soupire :

  • Bon, un peu, peut-être quand il se réveillera, mais la semaine suivante il aura tout oublié et tu retrouveras ton adorable bestiole.

    Raymonde qui les écoutait jusqu’à présent sans rien dire les regarde, tour à tour, interrogative, un peu excitée. Elle bredouille l’œil brillant d’espoir.

  • Mais j’y pense. Vous savez, moi aussi au début, il était gentil, il, il venait se mettre sur mes genoux, il mettait ses pattounes potelées autour de mon cou et maintenant, il est sans arrêt dehors, il chasse, lui aussi. Il ne me voit plus, il fait comme si je n’existais pas, il ne pense à moi que lorsqu’il a faim…Vous croyez que… Pour mon fils, Marie-Thé, tu pourrais ?

02 décembre 2014 – textes courts – Laure Timon

Laissez un commentaire

Rechercher