Fragments
Extrait, morceau choisi : on attend parfois du fragment le rôle d’une citation, d’un incipit, ou d’ une épitaphe…
L’Or de la ruelle
Les rues Haute et Basse Perrières sont deux vieilles rues d’Auxerre. Elles doivent leur nom à de très anciennes carrières situées sur le haut de la place Robillard, place qui fut en son temps un très ancien cimetière. Des travaux d’agrandissement du vieux Crédit Agricole l’ont prouvé. Ces deux rues séparées par une altitude de 15 mètres communiquaient à leurs extrémités par des tournants assez rudes et mal disposés. De plus elles étaient unies par la Ruelle du Conduit qui existe encore, mais qui n’est...
Lire plusRosalie
Rosalie Ce n’est le prénom d’aucune de mes filles, pas celui de ma mère ou de l’une de mes grands-mères. Ah ! Rosalie, une puissance incroyable, une « coureuse » infatigable, une protectrice contre toutes les intempéries ; qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, Rosalie brave toutes les difficultés et ne manifeste aucun signe de souffrance ; elle se réjouit à chaque fois qu’elle rend un service. Des « comme ça », il n’y en a plus ! Elle est née à Paris...
Lire plusPAs de VRP à l’école !
J’ai souvent évoqué mon « Paris-Morvan » en narrant les épisodes parfois drôles, parfois tristes ou touchants de mes débuts de carrière ; avec du recul, je ris maintenant de mes réactions de jeune institutrice qui met son point d’honneur à « réussir » sa carrière ; travailler à Paris ou travailler au cœur du Morvan n’a évidemment rien de comparable ; pourtant, fraîche émoulue de l’École Normale, j’étais sensée posséder une formation parfaite, être une pédagogue plus que parfaite et...
Lire plusToto a bu le lait
Toto a bu le lait C’était à Courson les Carrières où nous possédions une humble maison. En août 1944, ou plutôt en 1945 puisque mon père, d’ordinaire si taciturne, ne cessait d’éviter vieux meubles et piles de linge crasseux pour, les bras au ciel, louer l’esprit humain qui, avec quelques kilos de métal rare, venait d’envoyer 200 000 nippons dans un monde à l’évidence meilleur. Tout y passait : il n’évoquait pas Prométhée dont le supplice et l’intervention salvatrice...
Lire plusMaman Tavie
On l’appelait « maman Tavie », c’était notre grand-mère paternelle, Octavie de son vrai prénom, Jolibois de son nom de jeune fille, une deuxième maman pour nous ; nous l’avons toujours connue vivant avec nos parents dans la maison de famille de Fleury. Elle nous a parlé de son enfance, elle qui avait perdu sa mère très jeune et n’était pas heureuse avec sa « marâtre », la seconde épouse de son père. Née aux Varennes, près de Ponceau en 1864, elle est allée à l’école à Charbuy, à environ...
Lire plusEngage le jeu que je le gagne
Engage le jeu que je le gagne. (palindrome) essai de géométrie plane J’ai eu la chance d’avoir le professeur Tournesol comme prof de maths en terminale C, et grâce à lui, j’ai eu mon bac avec 19,5 en mathématiques. Il arrivait toujours en courant à petits pas saccadés, penché en avant, comme sortant d’un film muet. Il s’appelait Plane, ce qui explique qu’on n’a jamais cherché à lui trouver un surnom, comme aux autres professeurs. Il tirait de sa poche de minuscules papiers, que...
Lire plusSombre rentrée
En tant qu’élève et en tant qu’enseignante, j’ai bien dû faire une bonne cinquantaine de rentrées ; une rentrée, c’est toujours une attente dans l’inconnu, une nouvelle aventure, parfois un changement de vie. On y pense à l’avance, on se questionne sur le choix qu’on a fait, plus ou moins conscient des risques encourus, sur le pourquoi de ce choix qui a peut-être été influencé par l’entourage ou des évènements inattendus. J’ai le souvenir de rentrées joyeuses où...
Lire plusMa souche paysanne
Ma souche paysanne Connaissez-vous Ménestreau ? C’était, pour ma mère, le nombril du monde ! Elle est née en 1894 tout près de là, a vécu là, jusqu’à son mariage. Ménestreau : des collines couvertes de bois, des haies, des prés, des champs de blé. Autrefois, sur le flanc des collines, des vignes , des sources d’eau fraîche et pure au coeur du village ; combien d’habitants ? Entre 80 et 100 ! Ma mère a grandi dans ce village paisible, aux confins du Morvan, participant aux tâches quotidiennes de la...
Lire plusTémoignage
Tous, autant que nous sommes, la vie nous a plus ou moins cabossés et après avoir clamé au cours des années : « Moi, en maison de retraite ? Jamais ! » , nous y sommes. Nous y sommes avec nos misères, nos défauts et nos qualités et essayons tant bien que mal de nous adapter à la vie en groupe. Mais nous sommes des êtres fragiles ! Il suffit bien souvent d'(un geste d’amitié, pour redonner du courage. Mais nous sommes également des écorchés vif, et si nous sommes sensibles à un geste d’amitié, une phrase mal...
Lire plusJe me souviens
Je me souviens de la boutique avec sa grande baie et son carrelage encore mouillé. C’était un soir d’hiver ! Je me souviens du fournil dans lequel les toiles bises étaient accrochées aux pelles. Le grillon y chantait tout l’été ! Je me souviens de Fanou. C’était mon instit’ ! Le mardi, elle nous faisait écouter de la musique : Rossini ou Vivaldi mais aussi Bach ou Dvorak… Je me souviens aussi des deux énormes tilleuls qui étaient dans la cour de l’école. On pouvait se cacher à quatre derrière. Je me souviens...
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