Fabienne Dubues
L’Orteil d’Or
Mathurin était là, assis sur les pierres usées du perron de sa maisonnette, à l’ombre de la belle glycine que son grand-père avait planté. Il entamait son deuxième paquet de cigarettes. Il pensait à son passé, une mère effacée, un père décédé lorsqu’il avait trois ans. Il pensait aussi au présent. Il venait d’être licencié sous prétexte qu’il arrivait toujours en retard au boulot. Est-ce que c’était de sa faute à lui s’il avait besoin de dormir longtemps ? Il se demandait quel pouvait être son avenir. Une...
Lire plusLa vie est bien commode
Orteil d’Or 2023 « La vie est bien commode » par Fabienne Dubues Prix spécial du jury Ils n’étaient que deux dans ce wagon, une femme et Ciron, assis dans le sens de la marche, lui quelques rangées derrière elle. Il n’apercevait qu’un chignon sous un petit chapeau. Les rafales de pluie qui giflaient les vitres allaient assez avec cette solitude. Toutes ces places libres … Il y a des voyages comme ça où l’on est renvoyé à soi-même.Les souvenirs remontèrent donc naturellement …Lorsqu’il était étudiant, il...
Lire plusOrteil d’or 2022
Orteil d’Or 2022 (Orteil d’Or 2022 est le titre choisi par l’auteur de la nouvelle. NDLR) Athanase Delvivo est mort. Impossible d’en douter. Il ressent sa désincarnation. Ce n’est même pas le mot : il pense sa désincarnation. Il est abstrait : éther, vapeur, flaque … difficile à qualifier. Les mots ne vont plus bien : il a la sensation de, justement, ne plus en avoir, de sensations … absurde ! Allez, ouvrons, ouvrons la porte au chaos : Athacomplètementnase Delmuerto ! Olé ! En plus, ce qui fut l’emplacement de...
Lire plusLe ying et le yang
Affublée de ton nom, géniteur à la con J’ai haï tous les hommes, paternel à la gomme A cause de tes idées, plaquées d’autorité Qu’une femme se soumet, qu’un enfant ça se tait J’ai appris ta violence, j’ai aimé ton absence La représentation était dans le bon ton Mais le vice est le vice, tout se jouait en coulisse Tu n’es plus mon parent, définitivement. —- Tu me laisses à jamais un goût d’inachevé Pourquoi tu es partie,...
Lire plusIl ne reste plus que des traces
Il ne reste plus que des traces Comme une victoire de Samothrace Des coups, des ailes, une carcasse Qu’on pose et qui, de guerre lasse Sourit aux hommes, brisée mais debout Usée, polie, mais dans le vent fou Indomptée par les monstres ténébreux Rescapée du poison des mots vénéneux Une statue d’air et d’eau de pluie Qui désormais coule sereine et en vie. 10 mai 2020 – Poésie – Fabienne...
Lire plusLibre pensée Prix spécial du jury 2019
Libre pensée Une perforeuse déboucha sur la droite du souterrain où les dorylus révoltées suffoquaient sous les émanations d’acide. Heureusement, c’était une ligue contre le polyétisme de caste et cela permit au petit groupe de dégager pour respirer dans le couloir 911. Petit à petit, les insurgées convergeaient et cernaient la spermathèque. Bientôt la soldatesque déposa les armes, affolée par l’idée d’une destruction vengeresse du précieux trésor. Les dorylus rangèrent leurs tenues de manifestantes pour la plupart...
Lire plusL’Ouragan
Consigne : En quelques paragraphes, décrivez l’attente, puis le déchaînement d’un cyclone, et enfin les deux jours qui lui succèdent. Au choix : de façon journalistique / de façon décalée / de façon familiale / de façon poétique / à la manière d’un polar / de manière désinvolte / de façon excessive / de façon romanesque. Quand Joao Sylva Da Costa apprit la nouvelle par Stéphanie de Monaco qui témoignait sur sa chanson, il offrit un billet au Futuroscope de Poitiers à sa belle-mère en plein sur le...
Lire plusN’allez pas traîner vers le marais
N’allez pas traîner vers le marais Foutrepet ! Glairesuant ! Et putentrailles ! Lutins, farfadets et leprechaun, trolls, crapauds et hobbits, sylphides, diables et vampires n’allez pas traîner vers le marais… Les homosexuels … sortent de leurs tanières, bras dessus, bras dessous, ils nous menacent parce qu’ils sont différents. Ce sont des êtres à part parce que… parce que … ils sont différents. Moi, gargouille affranchie, je vous le dis, leurs antres sont plus méphitiques que le labyrinthe de Pan. Ils osent...
Lire plusVert dur
Vert dur Au début, ce n’était qu’une rumeur. Une rumeur du fin fond des forêts primaires. Mais c’était une rumeur qui enflait jusqu’aux oreilles les plus indiscrètes. Paris XIème, 23 juin, 3H A.M. Vargas fait les cents pas dans le local de Vert Indigo, une association de deep ecology quasi anonyme et pour cause : dans ces soubassements, elle est coutumière d’actes de terrorisme. Pour Vargas ce n’est que justice. Bientôt, un laboratoire d’expérimentations animales en banlieue va être saccagé et les bêtes libérées....
Lire plusJe vis de grands champs d’hiver…
Incipit en logo-rallye : Je vis de grands champs d’hiver couverts d’oiseaux morts. Leurs ailes raidies traçaient à l’infini d’indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit. Le hussard sur le toit comptait les morts du choléra. L’ambiance était glauque mais le magicien arrêta de sortir des oiseaux crevés noirs et tira de son chapeau des colombes d’un blanc immaculé qui s’entrelaçaient au-dessus des champs divers : avoine, maïs, blé, betteraves et colza. Le magicien alors, tel un bel étalon, appela une belle pouliche en...
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