Denise Pezennec
en attente de textes
J’aimerais mieux n’être point né, qu’être ce que je suis.
à partir de Guy de Maupassant : J’aimerais mieux n’être point né, qu’être ce qu’ je suis A l’entrée du petit cirque itinérant, tout le village se presse, se pousse, se bouscule . Tout le village et les populations entières des villages voisins. Un bouche à oreille efficace et pervers a conduit ici, ce soir, des voyeurs de tous crins, hommes, femmes tirant leurs enfants, jeunes encore ignorants des mystères de la vie, vieillards souffreteux et lubriques heureux d’arracher encore une fois une bribe...
Lire plusLiberté
Liberté Dès que pointe l’aurore, déjà il prend la route Gaillard et sifflotant, il traverse les champs Sans souci du soleil et sans souci des gouttes De la pluie et du vent, il écoute les chants. Des splendeurs de la plaine, il goûte l’étendue Il gravit des montagnes, il arpente des bois Oubliant la cité, sa jeunesse perdue Dont il ne garde plus qu’un souvenir étroit. D’une nouvelle vie, il trace le sillage Avec la liberté, ses yeux se sont ouverts Pour découvrir enfin, de la paix, les rivages Retrouver...
Lire plusMoins on parlera de la chose mieux ça vaudra !
«Moins on parlera de « la chose » mieux ça vaudra !» Quand BRAD et PITT, des jumeaux de treize ans, prirent conscience que leur Mamie perdait la tête et sitôt que leur maman leur eut demandé de faire ce qui était en leur pouvoir pour l’aider à se remémorer ses souvenirs, ils décidèrent de mettre à profit la situation. Ils allaient l’amener à évoquer sa jeunesse, son passage à l’école ménagère, son adolescence, et bien entendu ses amours. Leurs parents se refusaient toujours, en dépit de leur insistance,...
Lire plusBrameloup (2)
BRAMELOUP J’arrêtai ma 4L sitôt passée la pancarte. Le mot m’avait surprise et charmée. J’imaginai un loup, seul dans la forêt, hurlant à sa meute et à sa louve préférée avec la force du cerf en rut, à l’heure du brame. Je cherchai des yeux le village annoncé, BRAMELOUP, me tournai vers les quatre points cardinaux. Rien. Pas un toit. Pas un clocher. Pas la moindre cabane. Pas une seule construction de pierres sèches parmi les lignes de lavande qui dévalaient la pente au sud ou les rangées de vignes qui...
Lire plusPeut – il y avoir fumée sans feu ?
Peut – il y avoir fumée sans feu ? Ce soir-là, assis comme nous l’étions, entre connaissances, autour d’une table conviviale, un verre à demi-plein dans la main, je me crus un moment dans une de ces rencontres après chasse, chères à Maupassant. Nous n’évoquions pas nos peurs, nous échangions avec force détails sur un sujet plus badin : nos petites manies. Ces petites manies dont nous rions facilement, nous moquant parfois de leurs auteurs. J’écoutais d’une oreille distraite quand...
Lire plusOcéan perfide
Océan perfide Inexorable montée de l’eau je la mesure de ma fenêtre. Le courant* a passé le portail envahi l’allée du jardin. L’océan s’y engouffre à son tour animé de vagues bleutées. Inexorable montée de l’eau grignotement sauvage et pernicieux. Des lames sournoises lèchent les marches du perron s’y hissent les dissimulent avalent le muret. Les barreaux de l’escalier contemplent étonnés leur rigidité noire ondulant sous le flot. La volute de la rampe se découvre clef...
Lire plusJ’aurais aimé me souvenir
J’aurais aimé me souvenir de TOI, penchée sur mon berceau, ton visage nimbé de sourires attendris. De tes mains m’élevant contre ton sein d’où jaillissait le lait que je tétais goulûment. J’aurais aimé me souvenir de TOI, guidant de tes doigts agiles le flot de tissu fleuri qui coulait sous le pied de biche de ta Singer . Robe que tu créais pour moi, le soir, après le travail. J’aurais aimé me souvenir de TOI, coquettement vêtue, ton élégant chapeau penché sur ton front lisse, ta voilette fine telle...
Lire plusJ’attends
Palais de justice. 14 h. Assise sur un banc, j’attends. Personne. Derrière moi, de grandes baies vitrées, closes sur un jardin de buis à la géométrie rigide, fermée. Un rayon de soleil frappe le carrelage grisâtre à mes pieds. J’ai froid. Un livre ouvert attend sur mes genoux. Silencieuse et rapide passe une avocate sanglée dans sa toge noire, serrant contre elle un dossier sombre. Des pas pressés sur le sol sonore : des talons qui sabotent et martèlent ; bruits sourds, irréguliers puis une avalanche de claquements...
Lire plusNuit Métisse
La nuit est claire, la lune pleine il fait encore chaud à minuit c’est la dernière des nuits métisses nuit de musique nuit tzigane violon bulgare et jazz manouche Un tambour bat sa cadence régulière Jaïma saisit son violon sa voix pleine comme lune s’élance à l’assaut du ciel au – dessus de l’eau elle tisse une molle écharpe de miel. Que dit la chanson je ne sais mais elle doit parler d’absence de larmes et de vive peine car l’étrangère à la voix chaude laisse traîner des sons...
Lire plusPremier Amour
Leur bonheur est dans le pré ? Ils y courent…Ils y courent… Rouge parfum des fleurs de l’enfance Frais coquelicots de l’innocence. —Attends-moi!.. laisse -moi te rattraper! L’écarlate foisonnement se referme sur leurs pas éclatant sillon de soie aux corolles frémissantes. Courir…rugir… Courir…plaisir… Envie de caresses et de baisers de baisers coquelicots doux comme pétales chauds. —Il court derrière moi… je le devine…je le...
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