De l’autre côté.

De l’autre côté… Compléter ce texte entre l’introduction et la conclusion :

De derrière cette porte entrebâillée que je n’avais jamais connue autrement que close, au point que durant toute mon enfance je n’avais pas soupçonné qu’il existât là un passage, me parvenaient à présent des sons étranges, vaguement métalliques, comme un chant de baleine ou l’écho lointain d’une lamentation apeurée…

Cette porte, maintenant entrouverte, attirait par ses sons étranges, ouvrait le champ des possibles, invitait à l’aventure…

Comment comprendre alors cette hésitation, cette peur même d’en franchir le seuil ?

Quand un espace est resté clos pendant toute l’enfance, on ne se pose plus de questions, on ne regarde pas ce qu’il y a derrière, on n’ imagine même pas qu’il peut y avoir un ailleurs.

Et puis un jour, la réalité change, on perçoit les choses autrement, le monde n’est pas aussi fini qu’on l’avait arrêté, une porte s’entrouvre…

On sent l’appel du large, ou simple curiosité, goût du risque, risque de l’imprévu…

Je fis un pas en avant, incertain, puis un autre, un autre encore.

J’avançais imperceptiblement, et ces bruits insolites et étranges aux lointains accents de plainte devenaient peu à peu plus perceptibles, plus tangibles, plus familiers, plus reliés à mon univers connu.

L’espace se mit à chanter, résonner de vibrations intérieures et profondes, qui me racontaient mon enfance, et je revivais ma naissance, ou plutôt, je crois bien, je naissais à moi-même !

Découverte étonnante, je n’étais pas seul non plus.

Venait de s’ouvrir l’espace de la Rencontre !

Le pas franchi, je me découvris homme, vulnérable et beau, porté et aimé par le sein d’une Femme, animé par un souffle de vie où les mots n’avaient plus tout à fait le même sens, les sens tout à fait la même perception…

Dans ce voyage intérieur, jusqu’où saurais je aller ?

J’en revins exténué, les membres douloureux, mais le cœur gonflé comme une voile et l’esprit apaisé.

21 septembre 2010 – Textes courts – Louis Mancy