Sortie de tunnel

La chouette empaillée déposée à la place de l’africain glaça les sangs du contrôleur. Quand il referma la porte du wagon, la terreur nous figeait encore. Hagard, le vieillard ne regardait plus que le hasard au travers de son lorgnon, tandis que le nain ne cessait de fureter du regard dans le panier vide. Les miss bouche-bée avec leurs quolibets étiolés s’étaient tues et ne caquettera–nt jamais plus. Tandis que les écouteurs criaient encore dans les oreilles assourdies par l’effroyable cri qui avait transi tout le wagon (au moment du passage sous le tunnel ).

La cigogne ramenait-elle le printemps ? Certes, au dehors, les primevères parsemaient les champs bordant la voie. Mais, en voyant cet oiseau dans le compartiment, chacun était resté sans voix.

Seule Adèle, aussi fine qu’une ficelle éraillait quelques mots sans sens :

« NOS VOIX TRESSENT,

NOS ROIS STRESSENT,

NOS MOIS PASSENT,

NOS CHATS SPASMENT,

NOS VIES S’EFFACENT,

A QUAND LE PROCHAIN TUNNEL ? »

Jean-Michel « Indemne et innocent » (26/10/2010) – Ludotextes –