Dans le mur

La route est à moi, l’horizon est dégagé. Je roule à vive allure. Ça me fait du bien. J’appuie sur l’accélérateur pour mieux savourer cette sensation de liberté. Je file tel un bolide vers l’inconnu. Le vent me détache les cheveux, les voilà libres aussi.

Quel bonheur de se sentir vivante !

La vitesse m’enivre, me fait tout oublier. L’air printanier et les premiers rayons du soleil caressent ma peau fragile et frémissante. Comme cela m’est doux ! J’en savoure les plus infimes instants.

Soudain, une douleur me transperce le cœur, violente, insupportable. Puis plus rien, ni vitesse, ni douleur, tout juste la sensation d’être à l’étroit, de ne plus pouvoir bouger.

Tout est sombre, pourtant, tout à l’heure, tout brillait. Il m’est impossible d’ouvrir les yeux. Des images resurgissent puis se mettent en place. Tout va très vite, comme un film en accéléré. Mes années d’enfermement défilent en boucle, je ne vois que des murs gris. Et ce mur, ce dernier mur, ma dernière ligne d’horizon…

Je cherche à revoir la lumière, mes efforts restent vains. Je m’enfonce lentement vers le néant, mon corps est engourdi, je ne souffre pas. Je me laisse aspirer dans ce précipice sans fond, je m’y abandonne…

Je sais, je le sens, la mort est proche, je vais rendre mon dernier souffle coincée dans ce cube d’acier. Ma liberté aura été bien éphémère…

27 mars 2012 – Textes courts – Betty Lefebvre