Même les nuages…
Comment l’oublier ?
Même les nuages prenaient la forme de son visage
Même les arbres caressaient le ciel de ses bras
Même les rivières ruisselaient de son rire
Et c’étaient toujours ses pas qu’évoquaient les secondes de chaque horloge
Et à mon oreille, ma montre son cœur
Elle s’était imprimée à la source du monde
Avait donné son nom à chaque chose
Sa voix à tout bruissement
Et sa peau à toute surface, jusqu’à la pêche, à l’étal du maraîcher
Pourtant, son absence hurlait le vide de cet univers à son image
Car elle manquait partout, dans ce trop plein d’elle
Car c’est ce manque qui donnait forme aux nuages
Voix aux rivières et talons aux horloges
C’est toujours en creux que le monde la dessinait
Dans l’empreinte qu’elle y avait laissée, il n’y avait rien d’elle
Pas même le souvenir d’un parfum
De la trouver ainsi partout et nulle part, mon cœur se dissipait
Aspirant à ne devenir aussi qu’une trace sans substance
Un mot sans objet
De la rejoindre dans l’absence
Si je n’étais plus, si je ne la cherchais plus dans chaque chose
Les nuages reprendraient leur cours aléatoire
Les rivières le bruit de l’eau
Et les horloges le fil du temps.
05 février 2019 – Textes courts – Jean Marie Tremblay