La vieille dame aux cheveux gris
Dans le silence de son logis
la vieille dame aux cheveux gris
le front contre une vitre rêve,
Elle vit seule dans Paris
depuis la mort de son mari
chaque jour elle lui dit « je t’aime » sans trêve.
Trottant menu rue Montsouris
elle file vers la pâtisserie
où il allait tous les dimanche.
Il aimait la voir déguster
le chocolat le praliné
dans sa jolie robe pervenche.
Dans le silence du logis
la vieille dame aux cheveux gris
seule sur ses souvenirs se penche.
Personne ne vient plus la voir
elle a troqué pour jupons noirs
sa si jolie robe pervenche.
Aujourd’hui c’est au cinéma
qu’elle pousse son pèlerinage
quand sur l’écran vient le baiser
qui clôt le long conte de fée
paupières closes elle savoure
ce doux moment de ses vingt ans
où le noir rapprochait leurs lèvres.
Dans le silence de son logis
la vieille dame aux cheveux gris
dénoue un très long ruban blanc.
Toutes les lettres tous les messages
mots d’amour nouvelles de guerre
histoires dont elle est très fière
elle peut les réciter sans trêve.
Ce matin des fleurs plein les bras
à Montparnasse elle va tout droit
pour un rituel anniversaire.
Devant la tombe de l’aimé
l’amant l’époux jamais quitté
elle murmure une prière.
Elle refuse ces rêves vains
le temps qui fuit toujours plus loin
elle en a assez de la vie
la vieille dame aux cheveux gris.
Elle veut que se ferment ses yeux
dans ce logis qui fut à eux sans trêve.
Denise Pezennec –Poésie– 1er prix Poésie Bourgogne – Nivernais – Morvan