Elle paraissait se multiplier
Elle paraissait se multiplier. Son pas de faucheuse la portait partout dans une sorte d’ubiquité.
Dégoulinante, puante, entre la mélasse et le suif poisseux elle avait fait des ravages dans le Nord, elle se dirigeait vers le Sud, cette planète n’obéissait pas à la même attraction que la terre.
Selon d’imminents savants, l’invasion moitié liquide moitié solide de cette matière se répandait logiquement verticalement.
Et quelle importance, c’était foutu!
Personne n’avait vu venir l’infiltration dans la calotte.
L’emprise était telle que les dirigeants bien planqués pourtant furent les premières victimes.
Bien leurs en a pris, des forces invisibles les auraient massacrés de leurs morsures sanglantes.
Aucun barrage ne put faire front.
L’aveuglement du monstre s’immisçait jusqu’à étouffer les hurlements désespérés des petites voix d’enfants.
Le ravage était tel que le jour de la découverte du corps, le visage figé dans une bouse de sang séché, personne ne voulut toucher la dépouille, on la laissa gésir là jusqu’à ce que mort s’ensuive.
24 avril 2020 – textes courts – Marie Batllo