Cure thermale
Cure thermale
C’est trop chaud. Je leur ai dit, à l’encadrement, il ont ricané.
Au départ, je ne voulais pas y aller, je n’aime pas l’eau chaude, ni ceux qui l’ont inventée. Je ne sais pas comment je me retrouve là. Il a dû y avoir une erreur dans un formulaire. Et puis c’est long… une éternité que je mijote parmi les bulles.
D’un autre côté, ça donne le temps de réfléchir, genre « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? ». Qu’est-ce que j’ai fait, et qu’est-ce que j’ai, car je dois bien avoir une maladie pour avoir besoin d’une cure. Me curer de quoi ? Et les autres à côté, ils ont écopé de la même punition ?
… Sans doute, si je pense punition, c’est que je ne dois pas avoir la conscience tranquille. Il me revient quelques écarts, mais pas de quoi mériter cet enfer. Trop profité des plaisirs de la chère et de la boisson ? Et alors ?
Ce serait le Docteur St Pierre qui m’aurait envoyé là ? Rapport à mes dernières analyses ? Ça, il m’avait bien prévenu : « Continuez comme ça et vous ne continuerez pas longtemps comme ça ! ».
Vraiment, j’y serais passé, et cette cure thermale, ce serait… ce qu’ils décrivent au catéchisme, pour effrayer les enfants ?
En ce cas, je ne m’en tire pas trop mal. Si je me souviens bien, il y a des sections où c’est directement le gril ou l’estrapade. Finalement, on est aux petits oignons, ici. C’est juste un peu chaud. J’ai bien fait de ne donner que dans le pêché véniel, la température doit augmenter avec la gravité.
Ah, si j’avais su, j’aurais mieux préparé ma climatisation, de mon vivant…
28 mai – Textes courts – Jean Marie Tremblay