L’Ouragan désinvolte

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15 / 02 / 2019
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Consigne : En quelques paragraphes, décrivez l’attente, puis le déchaînement d’un cyclone, et enfin les deux jours qui lui succèdent. Au choix : de façon journalistique / de façon décalée / de façon familiale / de façon poétique / à la manière d’un polar / de manière désinvolte / de façon excessive / de façon romanesque.     

L’ouragan (désinvolte)

Parait que ça va souffler, tout le monde se claquemure. Sauf moi. Les voilà tous à visser du contreplaqué sur leurs fenêtres, à entreposer des boîtes de petits pois et des bouteilles de Cristalline à la cave. Me font marrer. Bien peur de s’envoler. Pas étonnant, n’ont tellement rien dans le cigare. En même temps, sont si lourds, devraient pas s’inquiéter.

Ça y est, y a plus personne. Personne qu’est resté voir le joli spectacle. Que moi. Regarde ça si c’est pas rafraîchissant, un vent pareil. Je me vois dans une vitrine et je trouve ma coiffure épatante. Oui, quand même, une vitrine, celle du quincaillier qui a filé sans demander son reste, sans prendre le temps de murer. Paf, plus de vitrine.

Ce que j’aime bien, moi, ce sont les tôles qui se dégrafent par le coin, puis se plient en deux et en quatre comme un origami.

Dis donc, ça y va. Je vais peut-être m’attacher, quand-même, sinon je vais rejoindre les tôles qui jouent aux papillons, là-haut. Mais avant, j’irais bien manger un morceau. Le supermarché est ouvert, complètement ouvert. Le toit est parti. Quel bazar là-dedans, les rayons sont tous mélangés. Y a des boîtes qui roulent dans tous les coins. J’attrape un paquet de chips au vol et je coince une bouteille avec le pied. Maintenant que j’ai des munitions, je vais m’attacher avec ma ceinture à un poteau électrique. Voilà, parfait. S’il y a une loi qui m’a toujours paru excessive, c’est bien celle de la pesanteur. Alors là, je suis comblé. Même les voitures décollent. Oh, pas pour aller bien loin, mais rouler bouler jusqu’au bout de la rue, c’est déjà bien, ça change. Ce serait le moment de jour à pigeon vole : camion vole, maison vole, table, chaise, arbre, vole ! Mais manger des chips dans ces conditions…

Ah, on dirait qu ça se calme un peu, les choses retombent, en désordre. Les rats vont sortir de leur cave pour tout ranger. Qu’ils ne comptent pas sur moi pour les aider. J’aime bien les tas, moi, j’aime bien le mikado. Je ne vais pas les en empêcher, non plus, juste les regarder avec un sourire en coin, en sifflotant « Comme un ouragan ».

5 février 2019 – Textes courts – Jean Marie Tremblay

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