Les non dits

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27 / 09 / 2018
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Les non dits
Les non dits
C’est arrivé sur le chemin. La rencontre était fortuite, seuls les insectes présents ce jour là furent témoins et encore uniquement les rescapés.
Pourtant aucun ne voulut  témoigner.
La faucheuse, elle, avait tout vu, du haut de ses grandes pattes. Juchée sur une herbe folle elle n’en crut pas ses mirettes.
Le soleil brûlait.
Une abeille sauvage se calfeutrait à l’ombre d’un bleuet attendant une heure concevable à son devoir de butinage qu’elle avait négociée avec son chef Xylocopa. Bien lui en pris, à quelques secondes près elle était dézinguée non syndiquée.
Les gendarmes qui auraient du en principe intervenir, préférèrent esquisser une patte de côté et continuèrent leur défilé militaire borné.
La fourmi n’est pas prêteuse, ce n’est pas là son seul défaut, elle n’est pas très généreuse non plus. Elle en profita ricanant pour récupérer les miettes qui tombèrent miraculeusement du ciel, s’en mit plein les fouilles et s’enfouit goinfrée et totalement inintéressée.
Un papillon de nuit égaré au zénith de sa brève existence replia ses ailes pudiquement non sans un certain dégoût, et se laissa aller au gré de l’air ambivalent.
Les mouches, elles, tournoyaient nerveusement, prêtes à  colporter des preuves irréfutables, mais qui peut porter  crédit à une mouche stercoraire?
Un frelon qui faisant le malin avec ses frangins aurait pu intervenir, préféra détourner son dard épique pour se repaître au cul d’une jument dont le hennissement aurait du alerter les espiègles sauterelles qui auraient alerter les insouciantes  cigales qui auraient alerté les piètres  pucerons qui auraient du alerter…
La nuit tomba, la faucheuse se déchaussa et à pas veloutés s’évanouit au néant.
27 septembre 2018 – Textes courts – Marie Batllo

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