La maladie de Zil
3 – La maladie de Zil (en appuyant le récit sur les 5 sens)
(Mim) – Ah, Zil est tombée malade, aujourd’hui.
(Dada) – Mince. Qu’est-ce qu’elle a ?
– Panne des sens, il a dit, le docteur. Et puis il a dit des noms de maladies que je n’ai pas compris : agueusie, anosmie, anesthésie, des choses comme ça. Et puis qu’elle est tombée sourde et aveugle, en plus.
– Mince, c’est grave !
– Plutôt. Du coup, elle n’a pas goûté. Déjà, elle n’a pas entendu quand je l’ai appelée. Ensuite, elle n’a pas trouvé la table. Et puis, elle m’a dit « J’aime pas les légumes », alors que c’était du chocolat, et des fraises du marché.
– Quand même, elle peut parler, c’est déjà moins pire.
– Oui, mais c’est quand même grave. Elle va devoir manquer l’école, alors que c’est les contrôles, la semaine prochaine.
– Ça va peut-être s’arranger. Quand elle s’est cassé la jambe, on l’a bien cyber-réparée. Zil, viens là !
– Elle ne t’entend pas, je te dis. Je vais aller la chercher.
– Attends. Panne des cinq sens, tu dis ?
– Oui.
– Et le sixième sens ?
– Il n’a rien dit là-dessus, le docteur.
– Avec le sixième sens, elle pourrait compenser… Tiens, regarde, la voilà, comme si elle avait entendu. Elle a deviné.
C’est là que mon dada, il s’est mis à penser très fort, et je l’ai entendu de l’intérieur, sans les oreilles :
– Qu’est-ce qui t’est arrivé, ma Zil ?
Et moi, j’ai répondu :
– Je me promenais dans ma tête, j’ai glissé et je suis tombée sur un bouton, ou plutôt une rangée de boutons, comme il y a dans la descente de l’escalier.
– Le disjoncteur, c’est ça ?
– Oui. Et pchht d’un seul coup je n’entendais plus. Pchht, je ne sentais plus. Pchht, je ne voyais plus. C’était tout noir et j’étais toute seule !
– Ne pleure pas, Zil. Essaie de retourner vers les boutons. Tu te rappelles où ils étaient, dans ta tête ?
– Oui, un peu, mais il fait noir, quand-même.
– Pense que tu allumes une bougie. Comme ça : Pchht, hop ! Ne te brûle pas.
– Ça marche !
– Avance vers les boutons. Appuie avec tes neurones dessus, un par un.
– C’est quoi des neurones ?
– Des petits brins d’idée qui font comme des doigts de fée.
– D’accord, j’essaie… Tchac ! Ça sent le chocolat, dis donc !
– Continue !
– Tchac ! Oh, c’est doux ! C’est mon doudou !
– Encore !
– Tchac ! Mmm, c’est bon, les fraises !
– Tchac ! Ça y est, dada, je t’entends par les oreilles aussi !
– Tchac ! Oh, Mim, dada, je vous vois !
– Tu es guérie, ma Zil, tu vas pouvoir retourner à l’école lundi.
– Oh non, y a les contrôles !
31 octobre 2017 – Biographies – Jean Marie Tremblay
2 Commentaires