Le sort avait désigné Amandine…
Le sort avait désigné Amandine…
Célénie : trente -huit ans. Célibataire par choix, et bien décidée à le rester jusqu’à la fin de sa vie. Des années d’études, des examens, des stages à l’étranger, des concours, des masters, des entretiens…Elle avait beaucoup aimé ces poussées d’adrénaline, ces explosions de bonheur, de joie incoercible qui éclataient en rires excessifs, car elle réussissait tout. Apprendre…Elle aurait aimé passer sa vie à apprendre. Il avait bien fallu pourtant quitter ce statut d’étudiante qu’elle aimait tant et entrer dans la vie active. Pas du genre vieille fille montée en graines mais bien de son temps. De plus, on la trouvait jolie.
Exceptionnellement douée, elle avait pu se permettre de choisir sa voie professionnelle. Ayant su s’entourer de collaborateurs expérimentés et efficaces, son travail lui laissait des entractes de loisirs confortables. Cependant, depuis quelques temps, elle semblait d’humeur morose alors qu’elle était habituellement d’un naturel enjoué. Elle évitait ses collègues et ses amis dont les conversations et les préoccupations étaient centrées sur leurs bébés. Elle reconnut qu’elle les enviait.
Un enfant.
Avoir un enfant.
Cela devenait un obsession.
C’était possible. Les mentalités, les lois à cet égard avaient évolué. Mais elle avait peur.
Elle, avoir peur ?
Peur que « ça » se reproduise.
Le secret avait été bien gardé jusqu’à ses quinze ans. Sa grand-mère alors lui avait tout dit.
Elle était née avec une jumelle, Amandine. Des jumelles, rien d’extraordinaire ?
(La seconde n’avait vécu que quelques heures. Une histoire de cordon ombilical. C’était la version officielle )
Mais des siamoises.
Pour en sauver une, il avait fallu sacrifier l’autre.
Le sort, ou le hasard, avait désigné Amandine.
Amstramgram, Pique et pique et co…
13 septembre 2017 – Textes courts – La Loutte