La vie n’est plus pour moi
La vie n’est plus pour moi.
Chaque jour je me bats contre le vent qui fait perdre le nord, je suis lasse de mon humeur qui valdingue de haut en bas.
A mi chemin, sur le fil d’enfer je rate souvent la marche, je me rétame à fleur de peau et je retombe, pauvre carcasse enchaînée aux déplaisirs solitaires.
Tantôt, je voltige légère en bons mots, la bonne figure qui plaît aux gens.
Tantard, je dois taire, cacher, me censurer sous peine de déjections verbales.
Match nul, balle au centre.
Pour accéder au milieu, je dois me concentrer, revenir indéfiniment dans cette putain de normalité que ma personnalité refuse de contrôler.
La vie n’est plus pour moi.
J’ai tout fait pour la rendre belle, je me suis levée, je me suis assise, j’ai bercé, épaulé, consolé, je me suis battue, débattue, j’ai chanté, dansé, je n’ai pas toujours compris pourquoi je me démenais ainsi. En tout cas, on m’appréciait, on me félicitait, on m’admirait, on m’écoutait, cela me paraissait facile, vivre me paraissait facile.
Quelles fadaises!
Quel leurre!
Que d’illusions !
J’étais seule.
Mon délire accentuait mon délire, ma cécité aveuglait machin, truc et bidule qui m’adulaient.
Quelle délice de planer dans ce monde assuré d’un contrat de plaisir, d’énergie de vie.
Pourtant, je savais aux tréfonds, l’insoupçonnable à première vue qui rodait aux alentours du mystérieux déséquilibre mental.
La vie n’est plus pour moi.
Ma force a été incommensurable, sans limite.
Je mène une guerre sans merci, ingrate, il n’y aura jamais d’armistice, on ne gravera pas mon nom ailleurs que sur ma pierre tombale.
Mon temps est passé.
Je dois m’inventer une autre vie? À quoi bon…
Comment disparaître sans faire de vagues, se faire oublier comme si je n’avais pas existé.
Partir à pas de sioux, nuages, volutes de fumée.
On m’oublie vivante, la mort ne fera que justifier l’absence !
31 août 2016 – Textes courts – Marie Battlo.
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