Fin de met

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10 / 05 / 2016
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Où suis je?

Tel Christophe Colomb découvrant l’Amérique, me voilà perdu en un  lieu atypique, un endroit vicié,
Boudiné, vrillé comme une corde de condamné.
Je sens le piège se refermer d’un spasme régulier.
Qu’est devenu ma saveur d’une pincée salée,
Suspicieusement poivrée,
Mon onctuosité ?
J’avance angoissé à une cadence contractée.
Jamais au grand jamais ainsi on m’avait traité.
J’étais à peine né, que me voilà ratatiné, piétiné, mélangé, parsemé d’intrus étrangers.
Loin de moi toute raciste idée mais tout de même, faut pas pousser ! surtout ne pas pousser !
Le saccharose ,je le supporte à petite dose.
Sans gêne il se permet de  s’la péter.
Il est tellement apprécié, adulé, pas toujours très raffiné.
Il se vautre, se faufile, s’immisce de diverticule en diverticule, culotté
Jusqu’à l’état désintégré.
Des bébés aux pépés, béguin assuré,
Il se laisse déguster, véritable saleté de santé.
Humidifié d’un vin d’curé,
Un vin rugueux d’acidité,
Un cul béni m’aurait divinement dégusté!!??
Un vin de messe, peut être!
Surpris, devant tant d’âpreté,
Je me tapis dans l’étroitesse cloisonnée.
Tant pis pour l’odeur de sainteté.
Je revendique mon appartenance au raffinement, à l’élégance,
Désormais, laissez moi à ma déchéance,
Je veux seul, me liquéfier.
Faites place à la vedette du défilé!
Hier encore je m’pavanais,
Je roucoulais, on m’admirait, on me humait.
J’attendais impatient, les mots doux des connaisseurs avérés.
Je me régalais de la douceur des Palais,
Des papilles affolées,
Des lèvres de salive ourlées
Gourmandais
La langue pendue des invités.
Et me voilà au bord de la nausée.
Tous ces virages me décomposent, Des vents se lèvent, tourbillonnent, s’échappent, moments des alizés mauvais.
Je les suis sur le chemin de liberté, J’ai confiance, ils pétaradent avec joyeusetés.
Je me souviens hier encore,
Ils gonflaient inquiets, coincés, estomaqués,
Entre la salade et le pâté.
Que se passe-t-il, je vois le jour,
Retournais je à mon état papilloté, endimanché?
Faut pas rêver!
J’aperçois la blancheur de la Faïence et je tombe, expulsé
D’un effort abdominé dans l’eau javellisée!
Serais je à ce point inconsidéré
En l’état de mal aimé?
Le Jour de gloire est terminé.
Moi, naguère tant adulé!
Expulsé comme un vulgaire ver de terre.
Je me noie, sous des couches de papier parfumé.
On m’évacue d’un jet d’eau chassé, sans ménagement comme un malpropre une vulgaire matière dessolidaire de ses congénères depuis hier.
Sanitaire était donc ma finalité ?

10 mai 2015 – Poésie–  Marie Batllo

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