Slam de Joux
Slam de Joux
J’ai pas trouvé la ville, ici à Joux la Ville
Je vais devenir pire, je vais prendre racines
Le vent frappe les murs, siffle au travers des grilles
Où est passée la vie, ne reste que ses toxines
Le jour ne meurt pas seul à Joux la Ville
La voix s’éteint, le cœur se vrille
Les murs font grise mine ici à Joux la Sombre
L’existence patine, les espoirs saccagés
Errent dans les coursives à la façon des ombres
S’agacent pour la cantine et retournent s’encager
les rêves ne s’usent pas seuls à Joux la Ville
La conscience aussi, faut’ de piles
Les souvenirs rasent les murs à Joux la Honte
Sa faute en pleine gueule pour seule identité
Les jugements repoussent toujours, après la tonte
Assassin voleur pointeur, c’est pour l’éternité
l’encre n’est pas seule à tatouer, à Joux la Ville
La mémoire aussi, qui s’obstine.
La tendresse se soigne aux gnons, à Joux la Peur
L’ennui tisse son manteau de vieille laine
Le jour on tresse des oignons, à Joux Labeur
la tristesse pourrit la nuit, mauvaise haleine
les potes ne sont pas, seuls, absents de Joux la ville
Mon enfance aussi, qui s’défile.
Quels sont tes projets, détenu, à Joux l’Espoir ?
Qu’as-tu prévu ensuite pour te réinsérer ?
L’avenir, détenu, n’est-ce pas la mer à boire ?
Quand les réflexes meurent et que s’usent les dés
le passé n’est pas seul a blesser, à Joux la Ville
Le futur aussi, qui s’entortille.
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Quand le jour se barre de Joux la triste
Alors les yeux se plissent, dehors vers la lumière
Quand vient le temps du dernier tour de piste
On s’promet que demain, on sera plus fort qu’ hier
La liberté attend, sous l’ mur de Joux la ville
La joie aussi, un peu, mais malhabile.
Mai 2015- textes collectifs – Joux la Ville