Liberté
À l’attention des détenus de Joux la Ville , dans le cadre d’un échange inter-ateliers d’écriture. La consigne était de reconstituer ce poème dont seuls apparaissaient les derniers mots de chaque vers. En dessous, la réponse des détenus appelée « Vieillesse » au texte des anciens (en italique)
Liberté
Dès que pointe l’aurore, déjà il prend la route
Gaillard et sifflotant, il traverse les champs
Sans souci du soleil et sans souci des gouttes
De la pluie et du vent, il écoute les chants.
Des splendeurs de la plaine, il goûte l’étendue
Il gravit des montagnes, il arpente des bois
Oubliant la cité, sa jeunesse perdue
Dont il ne garde plus qu’un souvenir étroit.
D’une nouvelle vie, il trace le sillage
Avec la liberté, ses yeux se sont ouverts
Pour découvrir enfin, de la paix, les rivages
Retrouver des sourires, sans regards de travers
Marcher la tête haute, plus d’épaules ployées
Il dévore la vie, son cœur est mis à nu
Confiant en l’avenir malgré les inconnus
Dans l’océan des larmes, toute peine noyée.
Avril 2015 – Textes collectifs -Mémoires de Bourgogne
Vieillesse
Les années ont passé, c’est le bout de la route
Sous ce vent, les blés mûrs se courbent en plein champ
La vie se ralentit et coule goutte à goutte
les pensées restent vives et résonnent de chants
La mémoire s’agite comme lessive étendue
Les mêmes photos sourient dans leurs cadres de bois
La joie est là malgré la libido perdue
qui marche avec sa canne dans le couloir étroit
la tête émerge encore dans l’ bouillon du sillage
Contemplant le chemin et les yeux grand ouverts
Au milieu de l’écume discernent les visages
qui pêle-mêle apparaissent, droits ou de travers
Ainsi que les regards les silhouettes ployées
se penchent également sur l’avenir mis à nu
Qui laisse deviner des rivages inconnus
Et l’âme espère encore, toute rancœur noyée.
Atelier d’écriture de Joux la Ville avril-mai 2015