Les vivants du jardin

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01 / 12 / 2014
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Les vivants du jardin

Les vivants du jardin

jardin MaritéOui, les jardins sont des lieux de vie ; ils naissent un jour, on ignore souvent la date ; ils s’enrichissent progressivement de nouvelles plantations, fleurissent et reverdissent au printemps, prodiguent leurs récoltes abondantes et parfumées en été ; fleurs et fruits d’automne les emplissent de senteurs et de couleurs dorées et cuivrées, animées par des chants d’oiseaux qui en font leur coin de paradis ; ils s’y nichent, s’abritent, se perchent, trouvent leur nourriture, semblant ignorer les griffes acérées du matou guetteur et parfois dévoreur.

On dit que le jardin « meurt en hiver », que tout y est froid et gelé, que la bêche et le râteau n’ont plus rien à y faire, que les oiseaux n’y trouvent plus de graines et les chats devenus frileux et paresseux ne le fréquentent plus guère. Mort, le jardin d’hiver ? Jamais ! Les sillons gelés des dernières plantations restent tracés par de gracieux rubans de neige ou des filets d’eau de pluie ; les poireaux en sortent raidis, verts de froid et cachent leur pied tout blanc recherché par le jardinier et les amateurs de bonne soupe ; les bouquets de choux de Bruxelles se moquent de la neige ; groseilliers et framboisiers gardent leurs rameaux cassants parfois brodés de givre scintillant aux rayons éphémères du soleil hivernal ; tout devient alors féerique dans le jardin !rose de Noël Marité

A l’abri d’un mur bien exposé les roses de Noël résistent aux agressions de l’hiver ; et pourquoi donc les frêles perce-neige pointent-ils leurs fragiles corolles blanches au travers des coussins de neige ? Qui donc leur a donné ce nom qui leur va si bien ? Regardez les arbres fruitiers ; le tronc noueux du vieux prunier est un corps mutilé qui a résisté à de violentes tempêtes ; ses longs bras dénudés se déplient comme sortant d’un long sommeil ; des plaies encore ouvertes ont du mal à cicatriser mais quelques creux profonds serviront d’abri à de jeunes couvées printanières. « Pas de bruit s’il vous plaît, ne dérangez pas les petits qui dorment ; écoutez la plainte des feuilles séchées accrochées aux branches fragiles ! » Qui parle de supprimer ce vieil arbre courageux ? Il nous régale avec ses prunes dorées et juteuses. « Allo les enfants, c’est le 22 juillet, les madeleines, les groseilles et les framboises sont mûres ! »Perce neiges Marité Et la saison des tartes, des confitures et des clafoutis ramènent une bande de gourmands au jardin des Anciens !

J’ai beaucoup de respect pour le compagnon du prunier ; je ne connais pas son âge, je crois l’avoir toujours vu grand, droit, dominant les autres par sa taille et sa force ; son écorce
rugueuse et protectrice est ceinturée au bas du tronc par une boursouflure étrange ; c’est, paraît-il, la marque de la greffe effectuée par mon père dans sa jeunesse ; c’est un poirier dont les racines puisent encore dans le sol la nourriture nécessaire à sa production de « poires à Marie » ; Marie, notre voisine décédée depuis longtemps, avait un arbre dont les fruits, des poires Beurré Hardy tombaient chez nous : le dessert quand on voulait et à volonté en plein été et même en automne ; le poirier de Marie n’est plus là mais il a transmis sa vie à celui de mon père ; la greffe a pris et l’arbre représente un passé familial ancré en ma mémoire d’enfance !arbre de judée neige Marité

Vieux arbres toujours vivants et autour d’eux, une nouvelle génération qui prend le relais et voudrait assurer la continuité de la vie au jardin ; ils grandissent, le cerisier de mon frère, le pommier Melrose que nous avons planté, le figuier de notre jardin Marité au Printempsami Perraut, l’arbre de Judée, les cerisiers du Japon et les arbustes qui abritent les nids des oiseaux ; mais le poirier William de Guillaume se fait tout timide et triste sous le regard hautain du Beurré Hardy, allègre centenaire !

01 décembre 2014 – Fragments – Marité G.

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