Tous ces palais déserts…

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04 / 11 / 2014
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Tous ces palais déserts, ces canaux envasés, ces ciels de suie sur tous ces toits rouillés, j’ai vu, vous l’ai-je dit, j’ai vu Venise en feu, j’ai vu l’unique instant, j’ai vu la forêt foudroyée des mille campaniles s’effondrer dans le sang.

J’ai vu sur la lagune un océan de flammes, s’embraser les gondoles aux amours éperdues , j’ai vu dedans mon rêve mille autres histoires folles où j’allais chavirer aux souvenirs passés…

J’ai revu mon enfance au crépuscule Montciel, le soleil coup coupé derrière la colline,

J’ai vu, traits de lumière, des pluies d’or et de pourpre fleurir l’herbe des prés et les noirs châtaigniers,

Je revois mes voyages en pays étudiant, j’entends le bruit du train qui déchirait souvent mes rêves adolescents, rêveries attisées aux courbes du tracé, clairs-obscurs, clairs-obscurs mille fois répétés…

Je revis ces instants de soirs incandescents où la Loue se mirait à la lune levée. Ce soir là, j’avais vu le soleil se coucher quarante et quatre fois…

Je revois, je revois ce cher lac du Jura et ses flots bleu acier, les nuages indigos et le ciel empourpré, et les petits poissons qui couraient à tes pieds, et je respire encore à l’odeur parfumée de tes joues écarlates…

J’ai vu l’océan s’enivrer à l’infini des jours devant l’immensité d’une soirée d’été, Nazaré à vingt ans, le cœur dilaté,

Et j’ai vu le Glandasse et sa muraille grise sur un village Drômois prendre vie, s’élancer, s’emporter, faire la cour tout là-haut à l’étoile du berger, la prendre dans ses bras et se fondre avec elle, habiter ses couleurs tout de rose drapé …

J’ai revu l’océan au Cap Fisterra. Quarante ans ont passé. O, rêve inachevé, je repars à Venise, carnavals endiablés , féerie des couleurs et des sens exaltés !

8 novembre 2014 – Poésie – Louis Mancy

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