Nos jeux d’enfants

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06 / 05 / 2014
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Nos jeux d’enfants

Il y avait les jeux de l’école ; ils ne nous laissent pas de grands souvenirs ; les filles faisaient des rondes, jouaient aux balles contre les murs, à la marelle tracée à la craie sous le préau ou avec un bâton directement sur le sol de la cour ; les garçons jouaient « aux barres », cache-cache, chat perché, au ballon ? A peine … La saison des billes était un régal ! Il y avait les jeux au sortir des classes ; mais… Hélas, nous vivions à 200 m de l’école, ce n’était pas comme René Moreau, appelé « le baron de Hautecour » ou Jean Calamy qui devaient aller jusqu’à la mare ; parfois on essayait d’allonger le parcours en passant par la Motte.

En hiver, l’arrivée de la neige était une fête : on avait l’impression que notre univers si restreint se transformait, que nous entrions dans un autre monde, silencieux, ouaté ; il fallait faire des chemins dans la cour avec un chasse-neige de bois ajusté en triangle ; le bonhomme de neige était indispensable dans ce paysage sans bruit ainsi que la bataille de boules de neige où les parents se devaient de participer !

Il y avait les joyeuses glissades sur le verglas dans la rue ; les sabots et les souliers-galoches faisaient alors merveille ! Le jeudi, nous allions du côté de la ruelle de Villemer, dans les fonds, entre les peupliers afin de patiner, toujours avec les galoches, et de risquer un petit bain froid !

Nous avons certainement été des novateurs en sports d’hiver : il y avait à la hauteur du dernier tournant de la route de Branches, en bas de La Combe, les restes d’une carrière de marne, glaiseuse à souhait les jours humides. Avec de la ficelle de lieuse, nous nous attachions des planches aux chaussures et nous nous laissions glisser du haut en bas de la carrière ; rendez-vous compte des résultats sur les chaussures, les fonds de culotte et les mains !

La « montagne » était un lieu idéal pour les jeux avec ses sapins, ses cerisiers aigres, ses vergers plus ou moins abandonnés, ses églantiers, ses orchidées (mais oui !) et pieds d’alouettes ! Tout était à nous ! Nous construisions des cabanes sous les églantiers ; nous étions, au gré de nos leçons d’histoire ou de nos lectures, les trois mousquetaires : l’impétueux d’Artagnan et ses légendaires Porthos, Athos et Aramis se battant en duel avec des épées de sureau ; « un pour tous, tous pour chacun » ; ou bien nous faisions la reconstitution des batailles de Napoléon, celles de la guerre des tranchées que Mr Lottier, notre instituteur, nous dessinait à l’école avec les lignes de front selon les années de 1914 à 1918. Et il était émouvant de conquérir le sommet de la montagne : guignier du télégraphe 229 m, avant de revenir à la maison chargés de fossiles.

On pourrait parler des travaux saisonniers qui n’avaient rien de l’exploitation des enfants : les foins, les blés, les asperges, les vignes et vendanges, la récolte des « patates », le temps des noix, le guignier centenaire, les poires d’Angleterre… Un seul travail était insupportable : couper les chardons dans les champs de blé encore verts !

Nous avions des jeux dans la cour ou le jardin et même dans le grenier où le tarare se transformait en appareil de cinéma qu’Edmond faisait fonctionner pour frère, soeur et copains rassemblés. Un jour, un doigt d’Edmond fut bien amoché et faillit rester dans les rouages du tarare.

Certains jeux étaient mixtes, (les filles étaient admises) ; ils pouvaient être dangereux ! On décida un jour de brûler Jeanne d’Arc ; il y avait dans la grange un beau madrier ; ni Eliane, la fille du boucher d’en face, ni Marie-Thérèse n’acceptèrent d’être attachées et encore moins brûlées ! Alors Edmond se dévoua, fut bien ficelé, mais le madrier non fixé au sol, tomba et mon frère aussi, sous le madrier ; sang, quasi évanouissement ; et c’est depuis ce temps-là que le nez d’Edmond a tenu son originalité ! Encore heureux que l’imagination de Jean ne soit pas allée jusqu’à reproduire le martyre de la place du Vieux Marché de Rouen !

Autre jeu : le battage ; nous retournions les brouettes des adultes et celles des enfants, nous reliions les roues entre elles par des ficelles (de lieuses, bien sûr ); la première brouette était la principale machine ; on activait sa roue et toutes se mettaient à tourner, sans oublier les bruits appropriés : sifflet, lâcher de vapeur…

Plus cela va, plus nous pensons que nos parents étaient de bons éducateurs ; parfois notre père allait chemin des Rouvray maintenant coupé par l’autoroute et ramenait un tombereau de sable. Alors on faisait des châteaux forts, des lignes de chemin de fer, des tunnels, et avec des petites et grandes boîtes d’allumettes, des trains interminables et vaillants qui nous emmenaient très loin ! …

début mai 2014 – Fragments– Marité G.

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