Douleur Alzheimer

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19 / 11 / 2012
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MÈRE, ma mère

où es-tu, si proche en ton fauteuil

et cependant si loin ?

 

MÉRE, ma mère

par quel hublot du temps viens-tu de t’échapper ?

Je n’ai plus que ton corps sur lui-même affaissé

la tête pantelante.

De ta bouche tordue coulent en flot pressé

des moments de ta vie

des bribes

de ton existence passée.

MÈRE, ma mère

tu m’as abandonnée dans le temps d’aujourd’hui

tu vis tes souvenirs, les parles, les commentes.

Je te devine jeune, impatiente,

à la porte de ta maison tu attends le retour de mon père

mais il n’arrive pas

un allemand, l’ennemi, entré dans ta boutique

ouvre son portefeuille pour te faire admirer

sa fille qui ressemble à la tienne

les mêmes boucles blondes

«papa allemand ?» dit-il en me montrant…

Comme tu revis l’offense!

Tu t’agites en ton fauteuil

tes mains maigres se serrent,convulsives

tes doigts crispés griffent la paume de tes mains

ridées, si pâles.

Une mèche d’un blanc terne tombe sur ta joue grise

d’un doigt que je voudrais léger

je la remonte un peu

dégage ton visage.

Comme ton regard est vide

qui traverse le mur !

Je me sens translucide

pour Toi je ne suis Rien

tu ne vois plus ta fille.

 

MÈRE, ô ma mère, où t’en vas-tu si loin ?

Denise Pezennec – Poésie -1er prix Poésie libérée Bourgogne Nivernais Morvan

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