LE ROI SOLEIL
Qui prend le soleil pour amant
Sait qu’il flatte, caresse, marque son territoire
Il colore avec fougue toutes les tours d’ivoire !
Pour déclarer sa flamme, du feu il prend l’accent.
Pâles, les rousses têtues en bravent les morsures
Les claires tombent à genoux sous le fouet des brûlures.
Mais le souhait de blondeur aide à la volupté
Le désir de chaleur passe par la cruauté.
Alors avec panache le vent plaide leur cause
En héros rédempteur s’invite à la partie
Glisse avec impudeur sur les corps alanguis
Disposant ses nuages comme des paravents roses.
Il emmêle leurs cheveux, les aime par giboulées.
Mais royal et jaloux, d’au-delà les nuées
Le soleil en colère reconquiert ses sujets
Il offre de nouveau de l’or à son harem.
En taches de rousseur il paye ses aimées
Qui succombent et se pâment, adorant leur totem
Car le tyran doré exige un lourd tribut
Qui, selon le pays, lui sera donc rendu.
Au nord il flatte le froid et s’allie à la glace
Au sud il est le roi et de Dieu veut la place.
Alors l’humanité accepte avec sagesse
Que ce fou orgueilleux distribue ses largesses
Car quand de notre vie disparaît le soleil
C’est pour l’éternité que nous avons sommeil.
Juillet 2012 – Poésie – Nelly Radigois