Train-Thriller

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05 / 07 / 2012
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Thriller :

 Consigne :Vous voyagez dans le compartiment d’un wagon de chemin de fer de type ancien. Avec vous sont assis : un vieil homme taciturne qui cherche son souffle, un nain qui sans cesse tord ses mains entre ses jambes, une longue femme sèche avec sur les genoux un chat dans un panier, deux jeunes filles qui, face à face, chuchotent et pouffent, un ado avec capuchon et écouteurs, un Africain en boubou.

Le train traverse un tunnel, sans que la lumière du wagon ne s’allume. Un cri retentit dans le compartiment. Au sortir du tunnel, la porte du wagon donnant sur la voie est ouverte, une des personnes a disparu et quelqu’un, (ou quelque chose), l’a remplacée. Racontez.

 Dans ces compartiments des vieux trains du siècle dernier, le voyage est dans le train, le spectacle dans le compartiment…

Comme dans un taxi-brousse africain, toute rencontre est possible, inattendue, surprenante.

Dans cet espace confiné, des destinées se croisent, se posent un instant, venant d’un lieu pour un ailleurs, s’ignorent ou se regardent, se dévisagent et parfois s’envisagent…

Il y a là, près de moi un vieil homme taciturne qui cherche son souffle, un nain qui sans cesse tord ses mains entre ses jambes, une longue femme sèche avec sur les genoux un chat dans un panier, deux jeunes filles qui, face à face, chuchotent et pouffent, un ado avec capuchon et écouteurs, un Africain en boubou.

Le train traverse un tunnel, sans que la lumière du wagon ne s’allume.

Est-ce un effet de l’obscurité, le rythme s’accélère comme si le convoi amorçait une descente, le bruit du frottement des roues sur la voie s’intensifie, on dirait que la locomotive s’emballe !

Soudain, un cri retentit dans le compartiment.

Personne ne bouge, enfin presque !… Des mains se touchent dans un geste instinctif de vérifier….

Oui, mon sac est toujours là, mais ce cri ! qu’est-ce que c’est ?

Et cette obscurité qui n’en finit pas !

Dans ce compartiment bariolé, bigarré, vous restez d’un coup sans voix, vous vous surprenez à manquer de souffle, vous vous sentez tout petit à tripoter nerveusement vos mains, à vous inventer des histoires de sorcières toutes griffes dehors, comme sorties d’un panier maléfique, vous avez l’impression que toutes les ados de la terre parlent dans votre dos, se rient de vous et de votre col de travers, vous imaginez un monde de loubards encapuchonnés, ou, qui sait, de terroristes se passant par message ci bye les dernières consignes avant de tout faire péter, vous avez des idées noires, des sueurs froides…

Et subitement, d’où vient ce souffle violent qui vous fouette le visage ?

A la sortie du tunnel, la porte du wagon donnant sur la voie est ouverte, et, que voyez…

Attendez, mais je rêve !!!

Mais oui, le vieil homme assis près du couloir et qui ne disait mot, le plus près de la porte, a disparu !

Et le chat de la grande dame sèche, à l’étroit dans son panier, qui s’étire de tout son long sur son siège !

Mais, que s’est-il passé ? L’homme, pris de désespoir, aurait-il sauté ?

Quelqu’un, dans le wagon, l’aurait-il poussé ?

Serait-il tout simplement parti aux WC ?…

Nul ne le saura vraiment…

Le réveil se met à sonner, et, pour une fois, je lui lance un regard complice, quel bonheur d’aller travailler !

26 octobre 2010 – Textes courts – Louis Mancy

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