Le clochard

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05 / 07 / 2012
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d’après une photographie : Ce personnage est en marge définitive de la société. Tout en le décrivant, vous lui inventez son histoire, vous expliquez où, quand et pourquoi sa trajectoire dévia du faisceau collectif des destinées.

Vous devez inclure dans votre texte la phrase suivante :

 « Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même. »

 Rédigez votre texte :

A votre façon

A la façon d’un rapport de police

A la façon d’un article de presse sensationnelle

 

Il était là, plié en deux mais pas flanqué comme d’autres sur le trottoir, plus affalés qu’assis, une vieille soucoupe à côté d’eux en guise de carte d’identité.

Lui était là, à même la route, sa vieille casquette vissée sur le crâne, certes cassé par la vie mais toujours debout, à scruter la chaussée encore plus défoncée que lui, un peu à la manière d’un chercheur d’or.

Il avait toujours aimé voyager, avait fait dans une autre vie une formation de guide touristique.

Il voyageait à moto, en vélo, marchait à longueur de journée, mais il voyageait surtout beaucoup dans sa tête.

Il vivait de petits boulots, souvent très durs, juste le temps de pouvoir s’offrir un nouveau rêve, un voyage inédit, et puis il partait à l’aventure… Il connaissait tous les continents, avait des tas d’histoires cocasses à raconter, et ne se souciait pas de vieillir.

Il vieillit pourtant, trouva de moins en moins de petits boulots, les voyages se firent plus rares : distribuer des prospectus qui vantaient de beaux voyages…

Il avait de moins en moins d’amis. C’est alors qu’il rencontra Vercingétorix, un chien errant, comme lui. Depuis ils sont inséparables.

« Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien, et qui vous aime quand même ! »

 

***

 Un clochard, prétendant s’appeler Jules César, a été interpellé sans pièce d’identité par le brigadier Cubitus, hier soir à 23h40, 143 boulevard Sébastopol.

Il était complètement gris, et s’obstinait à défoncer la chaussée.

Il fût conduit au Poste, et passa la nuit en cellule de dégrisement.

Ce matin, un chien attendait devant la porte du commissariat, et donna de la voix jusqu’à ce qu’on lui ouvre.

Il tenait dans sa gueule un quignon de pain dérobé à la boulangerie du coin, qu’il apportait à son maître.

« Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien, et qui vous aime quand même ! »

  ***

Il vagabondait là, le regard complètement perdu, ce grand colosse dégingandé qui avait jadis été un célèbre reporter, globe-trotter de tous les instants et de toutes les épopées, cassé en deux, comme s’il voulait trouver de l’or, dans une vieille chaussée des faubourgs aussi défoncée que lui, à la recherche de ses illusions perdues !

Il faisait vraiment peine à voir, et son chien, un malheureux bâtard qui ne devait pas manger tous les jours à sa fin, était lui aussi pitoyable !

Une bonne dame passant sur le trottoir, pas plus apeurée que ça, se hasarda à lui lancer généreusement une petite pièce.

« Tenez mon brave Monsieur ! Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien, et qui vous aime quand même ! »

12 octobre 2010 – Textes courts – Louis Mancy

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