Je l’attends depuis longtemps…

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04 / 06 / 2012
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Consigne n°2 :  40mn

J’attends quelqu’un. Depuis longtemps. Il est venu souvent, ce n’est pas son genre de manquer le rendez-vous….

Je l’attends, je l’attends depuis si longtemps ce moment où je me déciderai à l’appeler pour enfin le rencontrer. Je l’avais tellement imaginé, répété, qu’aujourd’hui, devant le combiné, je reste muette. Demain, demain je le ferai c’est sûr. Et demain arrive, le scénario se répète. Pour ne plus reculer, je pars. Le voyage est long, il fait chaud. Mille questions me martèlent la tête. Je m’arrête. Légère hésitation qui laisse aussitôt place au plaisir que j’aurai de faire sa connaissance. J’ose à peine croire que dans quelques heures, je serai devant lui, cet inconnu et pourtant si proche. J’arrive dans sa ville, ma ville natale. Je tourne un peu, je ne l’imaginais pas si grande. Je suis devant chez lui. L’émotion me prend mais l’excitation est la plus forte. J’aperçois une cabine téléphonique. Cette fois, j’irai jusqu’au bout. J’attrape le combiné, tout va très vite. J’entends une voix, sa voix, je le sais. « Allo » Blanc « Allo, qui est à l’appareil ? » L’émotion me submerge mais sa voix me rassure, alors je me présente. Il comprend et sans le savoir, il m’attendait. « Où êtes-vous ? » me demande t-il de sa voix chantante. « En bas de chez vous » répondis-je encore troublée. Il m’invite à monter. La rencontre tant attendue est à quelques pas… La porte s’ouvre, nous nous regardons et aussitôt, nous nous reconnaissons. Tout sourire, il ne cache pas son excitation, la mienne est tout aussi visible. Puis tout naturellement, nous nous retrouvons l’un en face de l’autre à parler, parler comme pour rattraper le temps perdu. Il est tard, il me propose de sortir manger un morceau. J’accepte avec plaisir. Nous voilà au milieu de ses amis et là, c’est l’effusion ! Il met son bras autour de mon cou, pose un baiser sur ma joue puis il lance fièrement : « Je vous présente ma fille ! » L’événement est largement arrosé. Arrive le moment où le besoin d’être seuls nous prend. Nous nous éclipsons pour manger sur le port. L’intimité nous va bien, nous avons tant de choses à nous dire… 40 ans d’absence, ça fait beaucoup à combler. Nous sommes conscients que cela ne se rattrapera pas, qu’importe ! Il a trouvé une fille, moi un père et je ne pensais pas qu’il me serait si facile de dire « papa ». Ce moment est unique et restera gravé à jamais, il ouvre la porte à d’autres. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’il nous faudrait les voler.

13 mars 2012-Textes courts-Betty Lefebvre

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