Aurore, la nièce de Nicéphore.
A l’époque de la photographie naissante, la quantification des photons étant un travail vraiment ardu, Nicéphore avait embauché sa nièce pour déposer chacune de ces particules lumineuses sur la plaque de verre glissée dans son chromatographe anachronique. Ainsi, commença l’histoire sans fin d’une photo qui ne put voir sa fin achevée puisque Aurore compte encore les pixels sur son nouvel écran plasma, avec le zèle et l’assiduité de son aïeul ici présent, jouant la gavotte sur son piano à bretelle. Tandis que sa tante Estelle rappelle ici aussi, à son oncle André, venu à pied, des environs d’Assise, qu’il seyait, une fois assis, d’ôter son couvre-chef. Pendant cet instant, Gisèle, la fidèle amie d’Estelle, fixait l’objectif, qu’inlassablement son vieil ami époussetait pour chasser les moustiques, attirés par les tourbillons du diaphragme qu’agitait la nièce de Nicéphore, qui comptait encore toutes les minuscules billes, noires et grises toutes réunies et qui ont transformé ce papier vierge en une familligraphie qui n’en finit … mais ? Mais Alors, Aurore, que compte-elle vraiment ? Et qui compte pour elle ? Sous les ors de la nuit étoilée !
Jean-Michel KERNE (14/09/2010) – Textes brefs –