Eau d’Eon
A l’heure d’arrivée de l’autobus 666, l’héroïque citadine Eurythmique avait atteint la région des anneaux de Saturne et puis avait arrimé son vaisseau au bord de l’Etang noir.
Elle avait plongé dans cette masse aqueuse amorphe et bleuie par l’étoffe d’un chevalier. Eurythmique recherchait son Accord-d’éon sans lequel aucune musique ne lui était audible. Alors, se glissant à travers deux rochers aveugles, elle pénétra dans une chambre dont la voûte était coiffée d’une tenture cosmique. Elle remarqua sur celle-ci, que chaque planète était assortie d’une note de la gamme. « Pour jouer la musique des sphères, s’était-elle dit, elle devait forcément utiliser la clé nécessaire. En faisant un pas, le sol se déroba, et ainsi elle se retrouva au milieu d’une clairière en pleine nuit. Accompagné du lévrier qui pleure, l’ermite Envieux, qui prenait le clair de Jupiter, lui indiqua alors le chemin de la rosée. A travers les feuillages, Eurythmique courut pour ne pas manquer l’autobus 666 qui la conduisit jusqu’aux orages Majeurs. Là, elle ouvrit le Livre des Accords Majestueux sur lequel son chevalier bleu avait composé l’Hymne à l’Univers. Ainsi, Accord-d’éon et Eurythmique ne firent plus qu’un, propageant leur onde jusqu’à la surface de l’Etang rougi par l’ébullition.
Jean-Michel « Harmonime » (07/12/2010) – Contes –