Qui s’y remue s’y perd !
Qui s’y remue s’y perd
Logorallye : (mots imposés au fil de l’écriture ) bloqué, convoquer, déesse, marteau, vacances, s’accrocher, Eugénie, clinique.
Qui s’y remue s’y perd !
Tout est là : il convient de s’y tenir immobile, car qui s’y remue s’y perd. Le mieux est de s’y étendre, les bras écartés, en attendant les secours.
S’ils n’arrivent pas ? Eh bien, il n’y a plus qu’à rester bloqué ainsi, en répétant sans relâche « Qui s’y remue s’y perd ». Avec la fatigue, cela peut devenir « Qui sirène, Lucifer », « Qui, sire, ému, si père », « Kiss Iremu, zipper » ou autre formule permettant de convoquer une déesse qui vous tirera des ces sables mouvants.
Rester là, immobile pendant des heures, des jours, de quoi devenir marteau. Et quoi de plus lourd qu’un marteau ? Même immobile comme un manche, il s’y perdra aussi, s’enfoncera dans cette monstrueuse sablière.
Dire que j’étais en vacances, allongé sur la plage, quand cette sinistre litanie m’est venue à l’esprit. De fait, tout mouvement m’entraîne vers les profondeurs, et je n’ai aucun moyen d’alerter le poste de secours. Il ne me reste qu’à m’accrocher, mais à quoi ? À ma serviette ? À mon parasol ?
Eugénie, à côté de moi, ne perçoit rien de ma détresse. Elle ne comprend pas non plus les « kissirmussipère » que j’essaie de lui communiquer, en bougeant le moins possible.
Il se pourrait bien qu’elle me renvoie à la clinique… Pourquoi pas ? Après tout, là bas, je ne me suis jamais enfoncé comme ça dans mon lit, et de toute façon, j’étais attaché.
03 décembre 2019 –Ludotextes– Jean Marie Tremblay