Porter le chagrin des départs

Porter le chagrin des départs

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PORTER LES CHAGRINS DES DÉPARTS

C’était le titre du poème qui défilait sur le panneau d’affichage de la gare de Lyon.

Fruit de la participation d’auteurs anonymes à un concours de la SNCF.

REGRETTER À JAMAIS LES RETARDS

En même temps, ça pouvait avoir un aspect comique, avec les annonces des trains reportés. Seulement, cela prenait une autre dimension, car elle venait de partir à jamais pour la Creuse, dans un train à l’heure. Et il pensait à tous ces retards qui l’avaient amené à l’heure de ce départ.

Le poème continuait…

PLEURER SUR LE QUAI D’UNE GARE

Pour bien appuyer là où ça fait mal. Chassant cette idée, il se revoyait avec elle mangeant avec délice un poisson bien gras, sur une pelouse londonienne. « Fish and chips », comme ça sonnait joliment, sur l’herbe verte. Voilà de la poésie qui nourrit son homme, au moins.

CHERCHER DANS LA FOULE UN REGARD

Et les coquillages de Bretagne, et l’Entre-deux-mers…

Dans la gare, sur tous les piliers de béton, les panneaux poursuivaient leur litanie.

COURIR EN AGITANT UN MOUCHOIR

Heureusement, un dysfonctionnement remplaça la poésie par des colonnes d’horaires, avant qu’il n’éclate en sanglots.

28 mai 2019 – Ludotextes – Jean Marie Tremblay