ZIL – La trahison
ZIL – La trahison
– Je lui avais bien dit que c’était un monde de requins, le show-biz.
– Quand même, son copain le manager, je n’aurais jamais cru qu’il se tirerait avec la caisse.
– Avec tout ce qu’elle nous en disait : beau, amoureux, et gentleman en plus, malgré sa coiffure.
– Tu parles, un gentleman punk métal, t’as déjà entendu parler, toi ?
– On pouvait pas lui dire.
– Elle nous aurais pas cru, elle aurait siffloté « Fuck your dad Fuck your mom, ».
– Et dire qu’il a même réussi à s’octroyer les droits de la chanson…
– Ptêt que nous aussi, on aurait notre mot à dire, quand même. C’est nous les dad et mom éponymes. On devrait avoir les droits moraux.
– Oui, on devrait l’attaquer. Mais c’est pas ça qui la consolera, notre petite Zil.
– Elle aurait jamais dû lui faire confiance, à cet aiglefin.
– Aigrefin, tu veux dire. La prochaine fois qu’elle tombera amoureuse de son manager, on lui dira de bien lire les petites lignes, en bas du contrat.
– Tu sais, l’amour, ça se commande pas, on lit jamais les petites lignes.
– N’empêche, elle fera plus attention.
– Si elle nous écoutait, au moins. Si elle nous demandait notre avis…
– Tu parles. Si elle nous avait écouté, elle n’aurait jamais composé « Fuck your dad Fuck your mom ». C’est pas avec des chansons de fête des mères qu’elle serait devenue célèbre.
– C’est sûr. Elle aurait jamais eu les Victoires avec « Maman la plus belle du monde ».
– Pour en revenir à ce Tony Trash, je sais pas où il est, mais il l’emportera pas au paradis. Si j’avais un flingue, j’irais le buter, le Tony.
– Calme-toi un peu. En plus, tu sais, elle était tellement amoureuse, même après ce qu’il lui a fait, elle n’apprécierait peut-être pas qu’on le descende, son beau Tony.
– Ca dépend. Elle a bien pigé son manège, et si ça se trouve, elle fera le travail avant nous. Elle est pas du genre à se laisser faire. Plus qu’elle l’aimait, plus qu’il l’a truandé, et plus qu’elle lui mettra de plomb, au Tony.
– Tiens, écoute, ils disent aux infos qu’il vient d’avoir un accident de jaguar. Couic, le Tony.
- Bien joué ma Zil. Si tu as besoin d’un alibi, on mangeait la soupe ensemble.
06 février 2018 – Biographies -Jean Marie Tremblay