Océan perfide
Inexorable montée de l’eau
je la mesure de ma fenêtre.
Le courant* a passé le portail
envahi l’allée du jardin.
L’océan s’y engouffre à son tour
animé de vagues bleutées.
Inexorable montée de l’eau
grignotement sauvage et pernicieux.
Des lames sournoises lèchent les marches du perron
s’y hissent
les dissimulent
avalent le muret.
Les barreaux de l’escalier contemplent étonnés
leur rigidité noire ondulant sous le flot.
La volute de la rampe
se découvre clef de sol
et s’apprête à chanter une musique étrange.
Inexorable montée de l’eau
ma maison est une île au cœur d’un céleste lagon.
Mon cœur commence à battre fort
le rythme d’un concerto de Ravel
inquiet de jeux encor délicats mais perfides
prêts pour l’assaut d’un lieu qui me trahit
se laisse envahir
étreindre et chérir
envelopper sans aucun bruit.
* dans le sud-ouest, le « courant »(eau douce)coule dans les terres et il est remonté par l’océan à marée haute.
Mai 2014 – Poésie – Denise Pézennec
photo : Adrien Théo Moret
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