En vers et contre tout
En vers et contre tout
A l’heure des matins de jeunesse, Les rêves d’avenir entremêlés Tissent parfois avec délicatesse Des chemins dans le ciel désirés.
A l’heure des années qui entêtent Tout se mélange pour un bonheur, C’est une peinture dans la tête Insolente de nouvelles couleurs.
Quand le visage va s’affaissant Et que le cœur compte les ans, Derrière se trace un sillage Où se mêlent les douleurs de l’âge.
Les rides creusent des fissures Et se faufilent les vraies blessures, Faut-il encore se retourner Pour sourire aux soleils espérés ?
C’est alors le compte des rêves La dernière fois avant le coucher, Et soudain dans la nuit se lève Le gémissement des rêves négligés.
Pas fiers en queue du défilé Derrière comme les mauvais guerriers, Ils portent encore en bandoulière Les silences et les espoirs d’hier.
C’était il y a longtemps…. Le grand voyage s’endormait Et les vagues m’oubliaient. La valse des marées Et sa parure d’algues M’offrait chaque soir A la fin de l’été Le chant des sirènes Me suppliant de rester. J’allais en Lorraine Sage et obéissant Purger une lourde peine Orphelin d’océan. Ce n’était qu’un mirage Posé sur le côté, Une histoire tricotée Plate comme une image. Choisir la ligne droite Aux vagues escarpées Et lentement se reposer Dans un bonheur étroit.
A l’heure où gémissent les rêves négligés Puis-je encore tous les réveiller Pour embellir et jusqu’au dernier jour Les nouveaux rêves insensés d’amour.
C’était il y a longtemps….. Ils se réveillent encore C’était il y a longtemps Ils frissonnent encore
Ils ne sont pas morts Et le théâtre s’endort. La richesse des mots Se meurt au rideau Et la scène interdite Pleure des larmes vides. Le rêve s’est endormi Au fond de la salle Et la peur colossale Paralyse l’envie folle. L’artiste n’est pas né Sous le blanc projecteur Ni peintre, ni écrivain Ni poète, ni acteur.
A l’heure où gémissent les rêves négligés Et s’endorment à jamais les années Encore espérer une caresse, La douce pointe d’une richesse, C’est un seul nuage qui passe Mais la pluie est là, éparse.
Puis-je encore murmurer Au milieu de la nuit, Le secret trop bien caché Du bonheur qui s’enfuit
Puis-je encore apprendre Que le rêve pour subsister, Doit savoir se prendre Avant qu’il ne soit tué.
Puis-je enfin comprendre La réalité trop forte, Et que les rêves même négligés Permettent toujours d’exister….
A l’heure où gémissent les rêves négligés Puis-je tous courageusement les éveiller Pour raviver et jusqu’au dernier jour Les nouveaux rêves insensés d’amour.
Le visage épuisé Je voulais être moi, Le temps a passé Et le rêve si froid Ne laisse qu’un baiser Et il vient de toi…
Puis-je enfin comprendre La réalité trop forte, Et que les rêves même négligés Permettent toujours d’exister……
Philippe George