Les Résidents malades de leur fin
Les résidents malades du syndrome de la fin
Un mal qui répand la terreur
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les anciens Bourguignons
D’avoir trop bien servi la chair et la boisson
La fin, ici et là, hantait les résidents.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient prudents,
Chacun voulait sauver les restants de sa vie
De voir encadrée, aucun n’avait envie
Sa photo à l’entrée en signe de sortie.
Tous étaient demandeurs de plus de pharmacie
Pilules, suppositoires et piqûres du soir
Aérosols, whisky, tout élixir d’espoir
Distribués à gogo par nombre d’infirmières
Aux corsages ouverts, rêve des centenaires.
Les femmes demandaient l’embauche d’infirmiers.
Un conseil se tint afin de réfléchir
Lequel d’entre tous s ‘en irait le premier
Coupable, tout courbé, il se devait fléchir
Le céleste courroux par l’aveu de ses fautes.
Le percepteur se leva et bredouillant de honte
Avoua : « ma tondeuse est usée d’avoir forcé la tonte
De nombreux contribuables, il fallait que ça saute ! »
« C’était votre devoir, vous appliquiez la loi
Et vous leviez la dîme comme aurait fait le roi. »
Le banquier s’approcha : « j’avoue que sans vergogne
J’entassais les écus et m’emplissais les pognes
Je devrais, sans conteste, y passer le premier. »
le dentiste à son tour dénonça ses mensonges
« Ce n’est rien lui dit-on, nous passons tous l’éponge »
Deux imprimeurs alors, se tenant par la main,
Avouèrent quelques coquilles et certains faux billets.
Une voix féminine douce comme jasmin
Confessa : « les élèves parfois, je les ai ennuyés
Et certains dans la classe sont même allés au coin. »
Haro sur la maîtresse
Quelle scélératesse !
Avoir osé punir nos malheureux gamins !
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Gronder leurs chérubins, quel crime abominable!
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait :
On la prit en photo, ce fut irrémédiable !
Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir .
Morale des résidents :
Écrire et raisonner, astiquer ses méninges,
Est le meilleur moyen de prolonger ses jours,
D’entretenir la vie en s’étonnant toujours !
23 juin 2014 – Ludotextes-Poésie – Textes collectifs – Mémoires de Bourgogne
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