Océan perfide

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29 / 05 / 2014
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Océan perfide

escalier noyéOcéan perfide

Inexorable montée de l’eau

je la mesure de ma fenêtre.

Le courant* a passé le portail

envahi l’allée du jardin.

L’océan s’y engouffre à son tour

animé de vagues bleutées.

Inexorable montée de l’eau

grignotement sauvage et pernicieux.

Des lames sournoises lèchent les marches du perron

s’y hissent

les dissimulent

avalent le muret.

Les barreaux de l’escalier contemplent étonnés

leur rigidité noire ondulant sous le flot.

La volute de la rampe

se découvre clef de sol

et s’apprête à chanter une musique étrange.

Inexorable montée de l’eau

ma maison est une île au cœur d’un céleste lagon.

Mon cœur commence à battre fort

le rythme d’un concerto de Ravel

inquiet de jeux encor délicats mais perfides

prêts pour l’assaut d’un lieu qui me trahit

se laisse envahir

étreindre et chérir

envelopper sans aucun bruit.

* dans le sud-ouest, le « courant »(eau douce)coule dans les terres et il est remonté par l’océan à marée haute.

Mai 2014 – PoésieDenise Pézennec

photo : Adrien Théo Moret

1 Commentaire

  • Marie-thérèse Gelin

    belle partition, Denise, j’entends la musique de l’océan qui monte et va étreindre votre maison et pourtant « l’envelopper sans bruit » ! La photo bleue et votre poésie m’ont fait fredonner le boléro de Ravel… Merci ! La musique nous manque ici.
    A bientôt à MdB !

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