Nos mains

Nos mains

 Nous avons tous tenu entre les nôtres, les mains douces d’un tout petit enfant , ces mains fragiles à peine dépliées comme le bouton d’une fleur prête à s’épanouir ; c’est une vraie merveille qui devient premier jouet de l’enfant, un jouet marionnette innocente, un jouet qu’il peut sucer, découvrir, animer et qui permet de toucher, serrer, caresser.

L’enfant grandissant et confiant donne la main à ses parents qui lui apprennent à marcher, le protègent des chutes et des coups. C’est avec ses mains que l’enfant découvre son environnement, qu’il plonge ses doigts au cœur des fleurs, remue le sable de la plage, pétrit la terre, y laisse ses empreintes, qu’il prend ses premiers repas tout seul, s’exerce à tenir crayon ou pinceau avant de devenir l’écolier habile en écriture, puis l’adolescent qui conduit son scooter à plein tube, le jeune parfois violent qui manie les poings ou le jeune tendre et romantique qui caresse les joues des filles.

Nos mains ont leur langage ; les lignes et les rides sont les sillons creusés profond de nos existences ; ligne de cœur, ligne de vie ; nos mains sont les témoins de notre travail ; mains fermes et solides du maçon qui a remué à la pelle le ciment de sa maison, mains rugueuses et crevassées du jardinier de l’hiver, mains de la responsabilité et de la précision du chirurgien qui opère, mains du médecin qui palpe le corps douloureux du malade, mains souples et rapides du pianiste, mains de l’automobiliste inconscient du danger, mains tremblantes de nos attentes trop longues et nos peurs indomptées, mains crispées retenant nos emportements et nos colères, mains mutilées par la violence, déformées par la maladie, mains coupables de crimes, mains armées qui détruisent et tuent la vie, mains qui frappent durement, mains menottées, enchaînées injustement.

Discrètes mains tendues des affamés, mains qui donnent généreusement, mains énergiques, accueillantes et admiratives, mains caressantes, apaisantes et amoureuses, mains qui s’unissent et s’enchaînent par amour.

Mains qui applaudissent et remercient,

Mains jointes qui prient et louent la vie,

Mains qui supplient et reçoivent les dons inattendus,

Mains de tous pays, liez-vous pour faire une ronde de paix autour du monde !

Et, quand un jour, nos mains fatiguées, usées par les années, sillonnées de veines bleues et saillantes auront perdu vigueur et chaleur, y aura-t-il des mains amies pour les réchauffer ? Les mains de nos enfants tiendront-elles les nôtres, à leur tour, pour nous aider en fin de vie, à franchir nos derniers obstacles ?

 04 février 2013 – Textes courts – Marie Thérèse G.