Rentrée Morvandelle (pour Émilie)

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27 / 09 / 2012
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Ta « mémé de service » en a connu des rentrées !

Alors permet-moi un petit retour en arrière pour évoquer les premières rentrées d’une jeune institutrice et jeune mariée, au plein cœur du Morvan , dans les années 50 !

Un village bien haut perché avec son école, son église, son cimetière et quelques pauvres petites fermes aux odeurs caractéristiques ; aucun commerce ; une mini-auberge : »chez la Génie « ; pas un être humain visible dans l’unique rue caillouteuse parsemée de bouses odorantes. L’école : deux vastes salles de classe, vétustes, encadrant la mairie et le logement des »maîtres », logement sans eau, sans chauffage et le vélo comme seul moyen de locomotion !

C’était au 1er octobre que se faisait la rentrée ; nous avions mission de rassembler et enseigner de jeunes Morvandiaux, en majorité enfants de l’assistance publique de Paris et Nevers ; ils arrivaient à l’école en sabots, cartable en bandoulière dans lequel le repas de midi côtoyait livres et cahiers, venant de hameaux éloignés où ils passaient leurs vacances en aidant à la ferme ; à midi, on réchauffait les gamelles sur le poêle de la classe et parfois, nous y ajoutions quelques suppléments ! Nos écoliers se rassemblaient autour du poêle en se chauffant les pieds les jours de pluie ou de neige, papotaient (en morvandiau) et jouaient dans la grande cour quand le temps était clément.

Les maîtres prenaient aussi le temps de se restaurer rapidement ; nous avions quelques réserves de produits de base : pâtes, riz, semoule, farine, lentilles, haricots secs, huile, vinaigre, sucre, sel ; le lait c’était celui de quelques vaches des fermes voisines ; nous achetions aussi des œufs frais, parfois une volaille qu’il fallait plumer et vider. La boisson : le « château la pompe » du puits de la cour d’école ou la piquette sortie du petit tonneau caché dans la cave. Un boulanger courageux montait des gros pains tous les deux ou trois jours jusque chez le maire, quand le temps le permettait, sinon quelques hommes descendaient à pied chercher les miches avec des sacs à dos jusqu’au bas de la côte où le boulanger les attendait.

Pour cuisiner, , un petit réchaud à gaz butane avec son mini-four et surtout la bonne grosse cuisinière émaillée qui avalait et brûlait d’énormes bûches de hêtre, chauffait surtout le logement tant bien que mal et nous fournissait un peu d’eau chaude au robinet de sa fontaine.

En fin d’automne, les autochtones tuaient le cochon ; de l’école, on pouvait entendre couiner la bête malmenée et sentir les odeurs de cochon grillé ; les gamins étaient intarissables quand ils racontaient « la mort du cochon »; ils savaient tout sur le boudin noir, le fromage de tête, le pâté de campagne ou le pâté de foie, le saucisson « pur porc », l’andouillette, les grillades, les rôtis…Ils connaissaient les avantages du lard depuis leur plus tendre enfance ! Et… il y avait toujours « la part du maître » ; parfois nous nous trouvions avec quelques longueurs de boudin en trop ou des rôtis pour nourrir une famille nombreuse ! Vive le « p’tit salé aux lentilles ! Alors comme tout bon Morvandiau, nous avions notre saloir pour conserver la viande et dans la cheminée, nous faisions sécher un jambon qui devenait un régal de jambon fumé, parfois brûlé quand notre feu devenait un vrai feu de cheminée que le maire appelait placidement « un ramonage nécessaire » ! Avec de bons « légumes bio »,en particulier des pommes de terre, des choux, des carottes , des navets, notre ravitaillement était convenable et notre nourriture saine.

Avant toi, Émilie, nous étions « les fans du terroir » sans avoir recours à ta « Feuille de Chou artisanale » qui fait sourire ta « mémé » ; on n’avait pas besoin de sillonner toute la France pour trouver le bon coin.

Allez… zou ! Prends ton vélo, mémé Marie-Thérèse ! 

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