Thriller (Denise)
Fais-moi peur !
Dans le texte (fiction,fantasme,souvenir)il faut du suspense,des frissons. Devront figurer:un animal,une femme entre deux âges au regard éteint,un orage et une oliveraie,un pique-feu et une automobile étrange d’une époque surannée.
Au plus grand des arbres de l’oliveraie solitaire accrochée à flanc de montagne, se balance le corps d’une femme entre deux âges,au regard éteint dans ses orbites vides. Sous ses pieds fument encore les cendres du feu allumé par son tortionnaire. Le pique-feu glissé dans la chevelure épaisse et grise semble un étrange bijou placé là par une main démoniaque . Mains tordues crispées, ongles carbonisés, talons noirs entaillés, toute la chair martyrisée crie l’horreur perverse de la mort minutieusement donnée.
La jeune marcheuse s’est figée devant sa sinistre trouvaille. Les courroies de son sac à dos hachent brusquement ses épaules qui s’affaissent, ses genoux fléchissent,.elle se laisse aller au sol, incapable de diriger ailleurs son regard affolé..Elle est la seule personne vivante à des lieues à la ronde. Le chemin qu’elle suivait depuis le matin,souple, décontractée, sifflet joyeux aux lèvres, s’arrête là, dans la pierraille et le maquis, Tout autour,, ce ne sont que sommets secs, un cirque immense et désert où s’impose soudain un lourd rapace qui plane en longs cercles concentriques peu à peu rapprochés. Ses genoux qu’entament des cailloux blessants la font souffrir mais , malgré ses efforts, elle ne peut les décoller du sol. Prostrée au pied de la morte, elle transpire et grelotte, attentive aux bruits qui l’entourent. Stridulations de cigales, frottements de carapaces d’insectes dans la poussière, longue et souple reptation d’une couleuvre à dix pas, chaque touffe de l’ herbe épineuse et sèche semble soudain peuplée d’une vie grouillante et menaçante. Elle secoue son torse parcouru de frissons brûlants. Paralysée, affalée sur elle-même, elle se surprend à découvrir des ombres dans la clarté du jour éblouissant. Là, derrière ce tronc, on a bougé. Ici, derrière cet autre encore. Qui l’épie et joue à cache-cache avec son regard affolé ?
Brusquement son oreille attentive surprend au loin un grondement qui s’enfle et se rapproche. De lourdes masses de nuages d’un blanc violent, se rassemblent au-dessus du sinistre spectacle qu’une lumière crue détaille sans pitié. Le premier coup de tonnerre éclate et se répercute sur les murailles de schiste grisâtre. L’écho l’entoure et trompe son ouïe affûtée. Elle devine le crépitement d’une arme à feu , là tout près d’elle. L’obscurité s’épaissit. Elle ne bouge toujours pas, proie facile offerte au couteau du tueur. Il est là, tout proche. Elle hume une odeur de sueur épaisse qui l’enrobe peu à peu. Ses bras qu’elle voudrait agiter sont de plomb. De ses lèvres sèches, meurtries d’être serrées, aucun son ne fuse, aucun appel ne s’échappe. L’ombre gagne. Un vent s’est levé qui fait bruire l’oliveraie tout entière et se balancer le corps torturé tout près de son visage. Crier. Elle voudrait crier. Mais à quoi bon ? Ici, personne ne viendra à son secours. Qui même aura remarqué son absence? Le rapace est de retour, il s’abaisse soudain vers la jeune fille en même temps qu’un éclair déchire le ciel d’une zébrure de sang. Le noir l’entoure. Le noir l’étreint. Elle entend les cailloux rouler derrière elle, une rafale lui arrache son sac qui dévale la pente. Résignée, elle s’étale face aux nues, ses yeux exorbités ouverts sur la nuit enveloppante. Elle sent déjà le bec du rapace lacérer sa chair, voit la lame du couteau fatidique qui la guette…Alors son cri explose, énorme, sorti de sa gorge déchirée. Un visage s’approche du sien, une main l’empoigne à la taille, la soulève telle un fétu et la jette sur le siège arrière d’une vieille torpédo décapotable qui démarre en trombe.
10 mai 2011 – Ludotextes & nouvelles – Denise Pezennec