Pygmalion

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24 / 11 / 2011
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Consigne n° 1 : Pygmalion 20 mn

 Portrait imaginaire d’un personnage, fabriqué par une addition de syllabes.

 Ensuite chacun écrit le nom de son personnage sur un papier plié en 4 et confié à un chapeau…

Ja ri zic jou Yoso Oric

 Jarizicjou Yoso Oric est un homme d’une trentaine d’années, pas très grand, mince, les traits fins. Ce qui est frappant chez lui, ce sont ses yeux rieurs et malicieux, légèrement bridés ainsi que sa voix douce et mélodieuse. Il a toujours quelque chose de drôle à raconter, un mot gentil à adresser.

Jarizicjou est conteur-musicien et ce depuis des générations. Il a été bercé par les histoires que lui racontaient son grand-père autour du poêle dans leur yourte au milieu de la Taïga, après la chasse. C’était sacré.

Aujourd’hui, la voix de son grand-père et la sensation que cela lui procurait l’inspire et il est heureux de le transmettre à son public, ravi.

Consigne n° 1 bis : 30 mn Poursuivez le destin de votre personnage en suivant la consigne imposée par celui qui a tiré au sort votre personnage. Consigne donnée par Didier « entre au cimetière »

 Un jour, à la fin de son spectacle, Jarizicjou Yoso Oric a eu une demande un peu spéciale. Une femme de l’assistance, Rona, est venue le voir. Elle venait de perdre son frère et désirait que Jarizicjou fasse son éloge funèbre, avec ce qu’elle lui dirait, d’une manière poétique et gaie, accompagnée de son banjo.

Etonné et ému par cette demande, il accepta.

Il travailla avec Rona qui elle-même jouait du violon. Tous deux se comprirent et ce qu’il en sorti était très beau et reflétait bien l’esprit du frère de Rona.

Le jour de l’enterrement, Jarizicjou entra au cimetière jouant du banjo accompagné au violon par Rona. La famille et les amis, émus, restèrent sans voix devant cette musique à la fois mélancolique et gaie.

Puis Jarizicjou, avec une douceur infinie, prit la parole. Les mots sortaient fluides et justes, ils touchaient chacun comme s’ils venaient d’eux.

Jarizicjou se tut et lentement posa son regard sur Rona, un lien mystérieux les reliait. Elle sentit, l’espace d’un instant, en Jarizicjou, l’âme de son frère. Elle baissa les yeux, pudiquement, une larme coulait.

21 décembre 2010 – Ludotextes – Betty Lefebvre 

1 Commentaire

  • Gil

    …comme une senteur ancestrale venue de Sibérie (où de Mongolie) où la tristesse se mèle à la joie pour dire un dernier au revoir à l’être que l’on a aimé, mais dont on sait pertinemment que son âme chante de tout coeur avec nous.
    Sourires aux larmes, pleurs de joie, nul n’est réellement parti pour toujours… trouble des sentiments mélangés…

    Ton joli texte m’a inspiré.

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