Le Livre des accords majestueux

Imaginer une légende, à partir des éléments suivants :

 L’Étang Noir, l’autobus n° 666, le livre des Accords Majestueux, le lévrier qui pleure.

 J’aimais les histoires que me racontait mon grand-père. Il en avait tout plein. Ça allait des simples, très terre à terre aux contes qui faisaient rêver en passant par les légendes qui éveillaient tous mes sens.

 Je m’en souviens d’une tout particulièrement :

 Dans une forêt profonde vivait une femme. Elle avait fait d’un vieil autobus son refuge « autobus n° 666 ». Elle ne laissait personne y rentrer, les fenêtres étaient calfeutrées, les portes barricadées. Que cachait-elle ?

 Pas loin de là, près de l’étang noir, un homme essayait de percer le mystère. Il l’observait lorsqu’elle allait chercher du bois, chassait avec un arc. Elle était très habile, elle faisait mouche à chaque fois, mais seulement ce qui lui était nécessaire. Elle lui semblait belle, majestueuse, très féline. Il était sous le charme… Il commençait à connaître ses habitudes, elle lui était presque familière.

 Les jours se succédèrent sans que rien ne se passe. Et puis un soir, une fumée épaisse, une lueur rouge et un chant lancinant, presque plaintif. L’homme s’approcha doucement, caché derrière un arbre, il n’en croyait pas ses yeux. Cette femme, si belle, si pure, si irréelle, était nue, à genoux, couverte de sang et parlait à l’oreille de ce beau lévrier qui pleurait en se vidant, goutte après goutte, de ce sang rouge dont elle s’abreuvait.

 C’était horrible et magique à la fois. L’homme, après une hésitation, s’avança vers elle, la couvrit et la serra contre lui. Elle récitait des vers, comme des incantations. Ils restèrent longtemps comme cela, la lune les éclairait.

 Au petit matin, elle s’était endormie. L’homme était resté éveillé, il avait découvert un livre, le livre des accords majestueux celui dont avait du s’inspirer la belle endormie.

7 décembre 2010-Contes & Ludotextes-Betty Lefebvre