Calendrier de l’Avent

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20 / 12 / 2017
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L’ Avent

Le premier décembre 2012 alors que tu dégustais le carré de chocolat prometteur d’une naissance divine, tu fus pris de nausées insensées, suivit d’éructations vomitives.

Quel ne fut pas ton étonnement quand le 2 décembre, 24 heures exactement dans les mêmes circonstances une courante verte et or, s’immisça le long des coutures de ton caleçon, suivit la trajectoire du pli de ton prince de galles jusqu’à tes mocassins ,pourtant déjà bien imprégnés d’une odeur de mycose purulente.

Le 3, 4 et 5 décembre tu développas un urticaire géant, une crise de foie et une infection urinaire.

Le 6 décembre, on toque à l’huis, aucune manifestation physique désagréable alors que tu suçotes délicieusement le cacao. Confiant, persuadé que tout ceci n’était que coïncidences, tu ouvres la porte, un grand bonhomme de rouge vêtu  se précipite sur toi, te roue de coups en vociférant « Oh, Tanenbaum « !

Le 7 décembre, pas fou, tu évitas le calendrier, même du regard. Il en sorti un ange qui se fourra de force dans ta bouche bée, tu faillis étouffer.

Le 8 décembre, terrifié, tu longeas le mur faisant face au cauchemar mural perforé de petites cases aux volets rouges, quand  tout à coup tu fus aspiré, rapetissé et projeté au fond d’une pièce sombre dont seuls deux petits cœurs laissaient filtrer la lumière. Le corps meurtri, tu rampas, attiré par le faisceau rassurant. Hissé sur le bout des pieds tu t’agrippas aux rebord d’une des ouvertures et tu constatas ce que tu redoutais, ton salon surdimensionné. Tout à coup tu doutas. Tu te laissas aller au sommeil dans l’espoir de sortir de ce cauchemar.

À ton réveil, grand soulagement, tout ceci n’était qu’affabulations. Lascif, tu étais affalé dans le fauteuil du salon redevenu à taille humaine.

On était donc le 1er décembre! Pourtant les 8 volets étaient éventrés. Une suée glacée s’échina à perler sur ton front.

Un courant d’air feuilleta un quotidien posé sur la table basse,  jusqu’à la page centrale:

(Aujourd’hui, 9 décembre une pénurie de chocolat s’abat sur la France, le réchauffement climatique perturbe la production de fève de cacao…)

Non!!! Tel Bayard, tu surmontas ta peur, pour les reproches on verra plus tard.  Du bout d’une canne, le bras tendu au maximum,  tu vérifias la case du 9 décembre, vide, ainsi que toutes les autres.

Ah, mais j’y suis!

C’est ce salaud de père fouettard du 6 décembre déguisé en

St Nicolas. Le voilà le coupable! Il aura tout bouffé. 

Cette journée du 9 fut calme et sans surprise. Pourtant les 8 jours passés avaient été plutôt surprenants, voire terrifiants. Tu ne raisonnais plus, tu vivais les événements au jour le jour. 

Jusqu’au 12 décembre, rien à signaler. 

Le 13 fut particulièrement lumineux, un peu trop même. Dés potron-minet le soleil était à son zénith. 

Les rideaux occultant se serraient la lisière pour empêcher le moindre rai de soleil de passer. Dehors des bruits étranges parvenaient aux oreilles des murs de ta maison. Tu écartas un des pans, le spectacle était hallucinant tout droit sorti de ton livre de catéchisme.

Tu te mis à chanter exalté:

-« Venez divin Messie, nous rendre gloire et nous sauver, vous êtes notre vie, venez, venez, venez…. »-

Un âne, sur l’âne une femme au visage si doux que tes yeux hypnotisés ne pouvaient s’en détacher. Un homme tenait le licou de l’équidé. Il marchait obstiné en direction (je vous le donne en mille) de Bethléem. Marie enceinte du plus haut des cieux et son mari Joseph. Tu fis un rapide calcul on était en moins 12 jours avant Jésus Christ. 

L’ AVENT EN VRAI!

700 ans plus tôt une prophétie annonçait la naissance d’un Messie à Bethléem.

C’est parti, mon kiki!

Tu allais assister à la naissance du petit Jésus en direct. Tu devrais témoigner de la véracité de cet événement, voilà pourquoi tu avais été mis à rude épreuve depuis le 1er décembre. On ne lutte pas contre la force de son destin.

Tu enjambas le bord de la fenêtre d’un bond.

Timidement tu t’immisças en tête du cortège.

Joseph grommelait,  il jurait. Marie dépitée suppliait:

« J’te jure, Jojo, j’ai jamais couché avec un garçon! « – 

-« C’est ça prend moi pour un con! « –

Ébaubi, tu tentas de rassurer Joseph. 

-« si, si Joseph c’est vrai, il faut la croire! »-

-« Ah, oui t’es qui toi? »-

-« Euh, peu importe, l’enfant qui va naître est le fils de Dieu, son destin va changer celui des hommes…. »-

-« Un bâtard, oui, tu connais pas l’expression, une Marie couche toi là, eh, ben j’te la présente!-« 

-« Mais enfin, mais non, mais non…!-« 

– » Ta gueule!

– » Comment ça ta gueule? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule? »-

Ton sang ne fit que 3 tours dans des godasses, tu chopas Joseph par le colback, tu lui écrasas la tronche contre un rocher.

L’ âne rua, Marie piqua une tête dans le Jourdain. Ni une, ni deux tu tentas de la sauver, en vain.

Merde, la boulette!

19 décembre 2017 – Textes courts – Marie Batllo

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