Il y a 70 ans, ma grand-mère votait…

Il y a 70 ans

La page d’actualités de « l’Yonne républicaine » du 29 avril 2015 m’a rappelé quelques souvenirs de jeunesse ; je n’avais pourtant rien oublié d’un événement important à son époque ; toujours aussi important aujourd’hui mais parfois oublié ! J’ai eu comme un choc en réalisant que les femmes avaient voté pour la première fois il y a 70 ans ; ce n’est pas si loin que ça puisque je m’en souviens !

Le 29 avril 1945, j’allais avoir 18 ans ; un an plus tôt, le droit de vote et d’être élues était enfin accordé aux femmes ; 12 millions d’entre elles ont donc participé au premier scrutin après la Libération, aboutissement d’un long combat ; qu’en est-il aujourd’hui ? Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, force est de le constater ; simple exemple : actuellement, une seule femme est présidente de région sur vingt-deux ; le principe de parité est loin d’être réalité. Me revient à l’esprit la pensée de Françoise Giroud : « La véritable parité existera lorsqu’il y aura autant de femmes incompétentes que d’hommes aux mêmes postes ».

Le 29 avril 1945, j’allais avoir 18 ans ; cette année-là, je n’étais pas majeure et je ne pouvais donc pas voter, mais ma grand-mère paternelle a connu une de ses dernières joies de femme : elle allait pouvoir voter pour la première fois de sa vie et participer aux élections municipales de Fleury la Vallée le 29 avril 1945, consciente de la valeur de sa voix. A presque 81 ans, soutenue par mon frère aîné, elle est partie à petits pas à la mairie proche de notre maison ; la mairie se situait au-dessus des salles de classe de l’école de garçons ; il a fallu monter le grand escalier pour rejoindre le bureau de vote ; pas d’ascenseur ! Ce fut un grand effort pour elle mais sa fierté l’emportait sur sa fatigue ! Mon frère aîné qui venait d’avoir ses 21 ans était électeur lui aussi ; ainsi, le même 29 avril, une grand-mère de 81 ans et un petit-fils de 21 ans votaient pour la première fois ; mais ce premier vote fut aussi le dernier pour notre « maman Tavie » qui est morte un an plus tard.

En famille, il nous arrive d’évoquer ce souvenir du « premier vote » quand nous avons l’occasion de retourner aux urnes avec parfois bien des hésitations mais aussi avec le petit coup de pouce moral de notre ancêtre!Même par procuration, dans les années de maladie, je n’ai jamais manqué un vote ; je lui dois peut-être le sens du devoir civique.