La mort de Claude Gendron

post details top
04 / 05 / 2015
post details top

La mort de Claude Gendron

les grottes de Saint Moré se composent d’une douzaine de cavités ouvertes vers la lumière et la chaleur, comme l’ont montré les travaux de l’abbé Parat, puis les nôtres dans les années 60. Elles ont toutes été hantées par l’homme de la préhistoire, traces et outils y abondent.

Trois grottes basses s’y ouvrent, à peu près au niveau de la Cure. La M.P., (du nom de ses inventeurs Meraville et Pichard), la grotte des Pêcheurs, découverte en 1965 après un long travail de désobstruction et la grotte de l’Entonnoir, la plus longue, la plus vaste, parcourue par un mince ruisseau et qui s’achève par un siphon dont le franchissement semble envisageable.

Nous avions deux plongeurs spéléo, Michel Girard et Claude Gendron. Tous deux expérimentés, aguerris et bien entraînés.

Après le choc de 1968, je n’étais pas chez moi mais Dijon où j’assistais à une conférence. Lorsque le soir je revins, j’appris que les gendarmes étaient passés à la maison et me recherchaient. Je pensais sur le champ à mes activités politiques qui s’exerçaient à Migennes, où je rédigeais, imprimais et distribuais un petit journal, plus ou moins subversif.

Ce n’était pas le sujet. C’était le responsable spéléo qui était recherché.

Mal renseignés, les gendarmes n’avaient rien dit de précis. On parlait d’une grotte à Chablis. Je n’en connaissais pas. Je dus attendre le journal du matin pour en savoir plus.

Michel Girard et Claude Gendron avaient tenté le siphon terminal de la grotte de l’Entonnoir. Le docteur Lacassagne avait, disait-on, participé aux secours. Je me rendis sur place te obtins des détails.

Claude Gendron, bien équipé, bien entraîné je l’ai dis, avait plongé dans une galerie qui semblait confortable. Michel Girard attendait. Cette attente dut être longue et horrible. Paralysé par l’angoisse il ne se hasarda pas à plonger. Il fallait chercher du secours. Un club de plongeurs spéléo existait à Dijon. C’était loin. Ce fut long.

Au cours de la nuit ils arrivèrent. Nulle cloche, nul refuge n’existait dans la galerie. Chose étrange, le cadavre de Claude Gendron ne se trouvait qu’à une douzaine de mètres du départ du siphon.

Les causes de sa mort demeurèrent inconnues. Elles le sont encore.

La grotte, sans étroitures, ne comportait pas de grandes difficultés. Pourtant sortir le cadavre fut un long et terrible calvaire. Pendant des heurs des douzaines d’hommes le halèrent. Tout comme la mort de Gendron, cette épreuve sans fin demeure inexplicable.

C’était le troisième mort.

Et voici que mon plus jeune fils, et un ami, veulent visiter la grotte Barbe-bleue cet été…

26 avril 2015 – Fragments – Jean Jacques L.

Laissez un commentaire

Rechercher