La Mardelle

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27 / 04 / 2015
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La Mardelle se trouve en forêt d’Hervaux, près de Joux la ville. Le mot « mardelle »est un terme local. Le nom véritable est « doline », un mot qui vient du « Karst », région rocheuse de Yougoslavie, riche en rivières souterraines, en pertes et en résurgences, où le grand Martel, père de la spéléologie, a forgé presque tous les termes qui y sont liés.

En général, les dolines, entonnoirs plus ou moins vastes, suivent le cours des rivières souterraines et font preuve des efforts de ces dernières pour percer et dissoudre les couches calcaires qui les surplombent.

La plus connue, la plus spectaculaire est le gouffre de Padirac, fort visité, qui joint la surface avec une très longue rivière souterraine dont l’exploration n’est pas terminée.

Notre Mardelle est un entonnoir de sable fin de 30 m de diamètre, profond de 15 m, où s’ouvre la fissure rocheuse étroite et rude qui a englouti ses 450 m3. Il ne reste plus, (sauf sur les bords) trace de ce sable. Tout a été digéré, absorbé, englouti par un cours souterrain qu’il s’agissait de rejoindre, de retrouver, de suivre.

Pas de grosses difficultés au début. Pas d’échelles, des ressauts faciles qui descendaient sur 20 mètres, mais du sable, toujours du sable qu’il convenait de déblayer. Et là, premier obstacle (ce vaste entonnoir recueillait de l’eau, certes peu abondante (nous étions en été) mais désagréable, récidivant sans cesse, pas très froide mais obstinée, obsédante. Il y avait des bassins de roche solides qu’on pouvait colmater. Mais allez colmater avec du sable ! Ça tenait quelques heures, puis coulait à nouveau, obstiné, glissant, trempant jusqu’à l’os.

Autre obstacle : du gaz carbonique : supportable au début, mais qui après 3 ou 4 heures induisait des maux de tête effroyables. Il fallait ressortir, respirer, éliminer des gueules de bois injustifiées mais tenaces.

Vers 35m, nous gagnâmes le sol horizontal. Toujours désobstruer, toujours les maux de tête, toujours l’air chargé de gaz.

Le spéléo-club de Chablis, qui rédigeait « Grottes et gouffres de l’Yonne » vint nous prêter main forte. La galerie s’élargit 38 puis 800mètres. C’était un triomphe.

Je garderai longtemps le souvenir de nos efforts dans la boue, et surtout celui de nos fabuleuses gueules de bois. Ah la Mardelle ! Ce n’était pas l’Enfer, mais déjà le Purgatoire. Pourtant je m’en suis tiré.

Les deux auteurs de Grottes et gouffres de l’Yonne – énorme travail de terrain et dans le silence de leur table de travail, sont morts. Je ne sais pas trop où peut se trouver cette somme qui devrait demeurer à jamais…

21 avril 2015 – Fragments – Jean Jacques L.

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